Poème (légèrement satirique).

Par Ananda

Quoi ? Le poète ne devrait-il pas être l’être du plein,

l’Heureux comblé de l’ambroisie,

du nectar

de l’intemporel ?

Ses facultés de contempler,

d’arraisonner le cours du temps,

de se nicher dans l’épaisseur

creusée, profonde du présent,

de régresser vers l’éternel,

vers l’immobile intensité

qui se referme tel un œuf,

une anse d’émerveillement

devraient lui suffire,

et ses mots !

Ses mots, leur luminosité

qu’il vole, en un prométhéen

élan qui le porte aux confins,

aux lisières de l’Ailleurs

ne lui sont-ils pas

un motif

d’être pleinement satisfait ?

Maudit sort qui veut que dans sa

bulle d’absence mordorée

qui le porte parfois si loin

si souvent, il soit assailli

d’une irruption, d’une effraction :

le besoin de reconnaissance !

Patricia Laranco.