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HADOPI : Pascal Nègre défend son bébé

Publié le 24 novembre 2010 par Olivier Laurelli
pirate lolcat

Pirate Lolcat by icanhascheezburger.com

Pascal Nègre, PDG d’Universal Music France, en tournée d’auto-promotion pour son bouquin, donnait hier une interview à TF1.fr, aka je vire abusivement les salariés qui ne sont pas d’accord avec HADOPI. Ouais… vous sentez le coup venir là déjà… Pascal Nègre… TF1… faut pas s’attendre à un moment de journalisme aspirant au Pulizer. Et ça commence dés le titre, par une citation de Pascal Nègre « Grâce à Hadopi, le disque a arrêté de chuter« … HADOPI aurait donc un effet sur les ventes de disques ? C’est étrange ce que dit l’ami Pascal car c’est pourtant pas ce que semblent dire les chiffres selon Guillaume. Là, il y en a au moins un des deux qui ment effrontément, à votre avis c’est qui ?

Voyons les arguments de Guillaume développés sur Numerama, je cite :

« Selon l’Observatoire de la Musique, le chiffre d’affaires de l’industrie phonographique a encore plongé de 13,7 % au troisième trimestre. Depuis le début de l’année, les recettes dues aux ventes de CD et DVD musicaux ont baissé de 9,8 % à 507,2 millions d’euros, tandis que le marché numérique progresse de 25 %, mais à seulement 64,2 millions. La hausse relative du numérique, qui d’ailleurs ralentit au lieu de s’emballer, est encore loin de compenser la baisse des CD. »

Voilà pour les chiffres, vainqueur par KO : Guillaume

Je me suis fait violence, j’ai lu l’Interview de Pascal Nègre, je me doutais bien que j’y trouverais des perles… bingo !

Les révolutions de Pascal (Talkin’about a revolution ?) … to me ?

Pascal est une sorte de lolcat à sept vies, dans l’Industrie du Disque il a vécu pas moins de 4 révolutions qui auraient du le tuer… et il est toujours là.

Comment ceci est-il possible ?

« Lorsque j’ai commencé mon métier, le disque vivait quatre révolutions : l’arrivée du CD, les radios libres, la publicité télé, et la baisse de la TVA. Aujourd’hui, avec les supports dématérialisés et  le buzz internet pour parler de nos artistes, je vis de nouveau une révolution. La différence, c’est qu’à l’époque il n’y avait pas de piraterie. »

Pascal découvre la piraterie avec Internet, mais où était il donc ces 15 dernières années ?

Allez on va mettre les fessées dans l’ordre et rafraîchir la mémoire de Pascal :

1° On commence par les radios libres, je vais me la faire méthodique, ça va être rapide, je regarde ce que raconte Wikipedia sur les radios libres…  et je tombe sur quoi en première phrase ?

« Une radio libre, initialement synonyme de celui de radio pirate, »

… Headshot !

2° On continue avec la seconde révolution du lolcat Pascal : l’arrivée du CD. J’étais certes très jeune, mais je l’ai connu, allez, séquence émotions, souvenez vous des actions intentées contre Philips et Sony par l’industrie du disque, ces CD et ces graveurs qui permettaient de copier à l’identique un support numérique… de pirater tout votre merveilleux catalogue. Le « CD c’est la mort de la musique » claironnait votre industrie qui s’éveillait à la duplication numérique.

3° La troisième révolution de Pascal, c’est la pub à la TV… chacun ses références culturelles, pour moi, la révolution ce serait sa suppression. Mais la TV et les magnétoscopes pour enregistrer Dimanche Martin, ça aussi ça a failli tuer la culture, souvenez-vous Pascal :

Reportage Piratage INA

4° La Quatrième et dernière révolution de Pascal c’est la TVA à 5,5% sur le disque qui est la seule révolution n’ayant pas connu les « pirates ».

5° C’est aussi une révolution, une vraie révolution, qui profite à tout le monde et non pas à l’Industrie du Disque… c’est Internet, mais cette révolution là, ce n’est pas la vôtre Pascal.

La complainte de Pascal (blues en La mineur pour énormités majeures)

« Le problème, c’est que lorsque l’industrie du disque a expliqué que tout n’était pas génial dans Internet, on nous a traités d’hommes préhistoriques ! »

À titre personnel je vous qualifierais plutôt de rapaces et de pleurnichards perfusés aux brouzoufs du contribuable. Pire encore, vous êtes prêts à sacrifier les libertés de tout un peuple si les technologies de reconnaissance de contenus (oui, je parle bien de DPI), peuvent vous donner l’illusion de sauver votre industrie. Au final, nous savons tous que ce sont vos salaires que vous sauvez, pas les artistes et encore moins la création. Pour cette offensive sur les libertés, j’ajouterais donc le qualificatif de terroriste (un prêté pour un rendu).

« Plutôt que des brontosaures, on a peut-être été des pionniers. »

Les pionniers sont des gens qui créent, qui évoluent et qui impulsent une dynamique du vivre mieux. Votre industrie de copie de galettes en plastique, là, elle meurt Pascal. Les pionniers sont des bâtisseurs, des explorateurs… bref tout le contraire de votre industrie qui est restée scotchée sur ses belles années 80.

« La manière dont on s’est adapté pourrait inspirer d’autres industries. »

LOL ! Elle est bien bonne celle ci ! si les autres industries s’inspiraient de celles du Disque, on aurait des « cartes voitures jeunes », des « cartes boucherie jeunes » , des « cartes électroménager jeunes »… le tout aux frais du contribuable qui devrait s’acquitter de 50% de la facture… exemplaire cette industrie du disque ! Si on poursuit même l’exemple de l’industrie du disque jusqu’au bout, on aurait d’ailleurs pas une « carte voiture jeunes » mais une « carte calèche jeunes ».

Deezer de midi à quatorze heures

« Pardon ? Deezer  a eu accès à tous nos catalogues !  C’est d’ailleurs ainsi qu’ils sont passés de rien du tout à une marque connue. »

Plus la peine de chercher l’offre légale de midi à 14h, grâce à la sympathique Industrie du Disque, nous avons en France une offre légale de qualité : Deezer, iTune, Deezer, iTune, Deezer… c’est une belle réussite, merci Universal ! Et quand on vous parle de Jiwa ? Ah c’est vrai, vous causez pas aux pauvres dans votre milieu :

« Jiwa a déposé le bilan en disant qu’on demandait des droits impossibles mais il ne faisait pas 25.000 euros de chiffre d’affaires par mois. Ils n’ont jamais payé un catalogue ! Avant de payer les droits, ils n’arrivaient même pas à payer leurs salariés. »

Salauds de pauvre !

« En France, on a tout de même une richesse d’offres et de plateformes démente. Aux Etats-Unis et en Allemagne, il n’y a qu’iTunes alors qu’Apple ne représente que 40% du marché français.« 

C’est un point intéressant, j’ai pu observer, à la sortie de la carte musique jeunes, que vous n’êtes toujours pas fichus de proposer un catalogue unifié sur une seule plateforme. Bilan, il faut plusieurs cartes si vos goûts sont trop éclectiques. Bravo, là encore il y a de quoi pavoiser, ça fait 15 ans que vous n’êtes pas fichu de proposer un catalogue unifié.

(…) un ange passe

Et on arrive enfin au plat de résistance, les bébés de Pascal :

Le DADVSI qui selon lui protège son Industrie. Dans les faits, les DRM n’ont fait qu’accélérer la chute des ventes de CD puisqu’il devenait impossible de lire les CD légalement achetés sur son ordinateur ou sur son autoradio. D’ailleurs le succès est tellement énorme que l’industrie a du abandonner les DRM et que les parlementaires continuent à se cacher derrière leur petit doigt quand on leur demande le rapport d’impact de cette ânerie. Mais pas de doute pour Pascal, le DADVSI, ça vous a vachement protégé :

« A l’époque, la loi DADVSI (NDLR : Droit d’auteur et droits voisins dans la société de l’information) a mis quatre ans à adopter une directive européenne qui nous protégeait enfin…« 

Pour HADOPI, je ne reviens pas sur le chiffre, on a vu que Guillaume de Numerama était vainqueur par KO, on va donc éviter de frapper un homme à terre. On va juste s’amuser un peu de la crédulité de Pascal Nègre qui pense peut être que le contribuable est prêt à sponsoriser 50 000 identifications d’IP par jour pour ses beaux yeux. Pascal Nègre concluera sur l’Epic Success de la carte Musique Jeune :

« Et cela redonne de la valeur à la musique…. »

Soit Pascal, mais pour moi votre carte machin, c’est une prime à la casse pour tenter de doper artificiellement des ventes qui plongent irrémédiablement… votre métier change Pascal, ce n’est pas sale.

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