Abderrahmane Laghzali : poème Tantôt je viens vite, tantôt, je mets du temps...

Tu es seul ou en compagnie
C'est le jour ou c'est la nuit
Tu écoutes de la musique
Ou le silence ou son bruit
Tu ouvres ou fermes
Une bouteille ou une fenêtre
Ou une porte grand-ouverte
Tu te prépares à dormir et vas au lit
Ou un livre, à la main, tu lis
Tu essaies de panser une blessure
Ou tu ôtes ou tu mets tes chaussures
C'est le bonheur ou c'est le malheur ; …
A n'importe quel moment, quelle heure
Sauf si c'est trop de malheur,
Elle te rend visite
Elle te murmure une goute de miel
Ou quelque chose tel un nuage dans le ciel
Tes oreilles peuvent bourdonner
Ta langue sécher, ton front suer un peu moite,
Tes mains devenir un peu ou trop froides
Tu vois comme un éclair passer
Et tu pars en même temps que lui,
En un long voyage dans les labyrinthes
De l'histoire, de toi-même, d'autrui et des mots …
Sensations en désordre, images, émotions, angoisses
Quêtent la liberté, d'autres moi aptes à recevoir, à s'émouvoir
Et tu l'entends te disant :
‘'Courage ! Je suis l'ennemie du silence
Duquel tu cherches à guérir
Ce silence qui t'étrangle, et que moi, je déchire
Je suis celle sans laquelle tu ne peux rien
Mon pouvoir est la purification
Mon pouvoir est la libération
Je suis euphorie et douleur
Vos joies, vos rêves, vos malheurs
Vos cris, et vos pleurs, je les nomme
Je t'affranchis du réel et le transforme
Si tu me cherches sans me trouver
Ne t'irrite pas, tantôt je viens vite
Tantôt je mets du temps, patience