Archéologie future : la traversée d’un siècle
Du 24 au 26 novembre 2010 à la Maison des Pratiques Artistique Amateurs
Encastrée derrière de hautes grilles dans le Marché Saint-Germain, se trouve la Maison des Pratiques Artistique Amateurs. C’est ici que se déroulent les premières manifestations commémorant Pierre Schaeffer sous le double prétexte du centenaire de sa naissance et du cinquantenaire de son Service de la Recherche de feu l’ORTF.
Avant l’événement lui-même, ce mardi fut l’occasion d’une rapide présentation.
On flâne le temps que les responsables culturels indispensables à toute inauguration digne de ce nom arrivent. Devant l’entrée de l’auditorium, une série de photographie accompagnée d’extraits de textes. L’occasion de voir qu’ici on ne gomme pas les cigarettes fréquemment collées aux lèvres du maître. On se dit aussi qu’il faudrait relire Pierre Schaeffer – le romancier comme l’essayiste – tant est charmant ce ton primesautier bien qu’épris de rigueur.
L’auditorium s’ouvre. Longues minutes de discours et remerciements ponctués de mols applaudissement. Puis le bref plaisir d’entendre la voix de Pierre Schaeffer, extraite de l’une de ses nombreuses conférences explicatives. L’écran s’éclaire d’un épisode des Shadocks, un autre des bébés du célébré.
Sonne l’heure du cocktail.
L’assemblée fait tinter ses flûtes dans le préau d’accueil. La voix avinée d’un clochard braillant ad libitum Yellow Submarine perce à travers les grilles et couvre par instants la rumeur mondaine.
Beaucoup semblent se connaitre. « Tout le mode se retrouve là ce soir. » dit une dame.
Ici François Bayle est interrompu dans sa conversation par une caméra. « Pourriez-vous, cher Monsieur Bayle, nous improviser un objet sonore ? »
19h30, nous devons remonter vers l’auditorium.
Quelques amplis noirs et massifs face à la scène, martialement disposés comme les pièces d’un Kriegspiel. D’autres ronds et rouges perchés ici et là jusque parmi les travées. Le principe de la spatialisation cinétique se voit avant de s’entendre.
Cette deuxième session débute par un panaché de brefs morceaux d’œuvres du GRM.
Eclats de la Divine comédie de Bayle, du Pop à l’âme de Parmegiani, le Orphée de Scaheffer, sa pièce la plus ambitieuse - qui fut huée en 53, son Bidule en ut, pièce datant d’avant les bandes magnétiques, quand le travail se faisait avec des disques de cire.
Ceux-ci et d’autres, ramassés en un quart d’heure aussi alléchant que frustrant.
Sonne l’heure de la dernière séquence.
Une merveille de reportage libre de forme mais lisible. Souvenir d’une époque ou la télévision ne s’uniformisait pas encore à copier indéfiniment le succès.
On y voit Pierre Schaeffer revenir dans les terres nancéennes de son enfance. Y sont évoquées ses deux grands-mères, s’y voit une splendide demeure en style art nouveau et surtout, s’y entend la parole de Pierre Schaeffer, théoricien vif et conteur malicieux. Il faudrait relire Pierre Schaeffer.
Fin de l’amuse-bouche au goût de trop peu.
C’est aujourd’hui que la manifestation commence vraiment. Allez-y, ce serait misère que n’y assistent que ceux qui s’y retrouvent toujours.
PS : D’autres concerts organisés par le GRM et liés à ces anniversaires seront programmés entre janvier et septembre 2011. Vivement l’année prochaine.