A la fin de ses études à 25 ans muni d'un bac + 5 et après quelques stages décevants dans les médias, le narrateur ne se fait guère d'illusion sur sa vie professionnelle :
«Je ne courais pas après l'argent. Mon système monétaire était le sommeil et quand je comptais mes siestes en fin de mois, je me voyais millionnaire.»
Contraint et forcé de quitter le cocon familial, il débarque dans la capitale...
Il retrouve une amie qui partage un appartement avec deux autres personnes. Installé dans cette colocation, le narrateur effectue un stage d'homme à tout faire qui se termine mal (refus de coucher avec le DRH), puis passe ses jours et ses nuits en compagnie d'un alter ego...
Expert de la procrastination, l'intéressé ne manque pas de lucidité pour décrire sa situation :
« J’étais un enfant de la génération précaire et, très vite, je compris que viser un emploi dès la sortie de ma scolarité revenait à sauter d’un avion sans parachute.»
Même s'il aime ne rien faire, ou plus exactement n'être sous les ordres de personne à pratiquer des tâches inintéressantes, à la longue la vie au RMI n'est pas pour autant satisfaisante le plonge dans des considérations existentielles :
« J'avais un manque à combler mais j'ignorais comment. Une femme ? Un travail ? Un chien ? Aucune de ces possibilités ne m'enchantaient totalement. Un chien m'aurait obligé à le sortir. Une femme m'aurait demandé des preuves d'amour et le monde du travail ne voulait pas de moi. J'étais désemparé.»
La fin de la colocation, le décès d'un proche, la lassitude vraisemblablement feront évoluer notre ami :
«Quelques jours avaient suffi pour me métamorphoser. J'étais une ordure, j'étais heureux. Signe que la roue avait tourné, on me montrait en exemple.»
Ce roman ancré dans un réel socialement sordide, est pourtant léger grâce au style et à l'humour de l'auteur, si bien qu'en le lisant on pense à deux autres récits, les tribulations d'un précaire de Ian Levison, chroniqué ici et la conjuration des imbéciles de John Kennedy Toole.
A lire.