Joe Wright avait livré avec Orgueil et Préjugés un très joli film de jeunes filles. Le voici de retour, toujours avec Keira Knightley au casting, pour une nouvelle adapation : celle d'Expiation le livre de Ian McEwan. Une nouvelle réussite ?
La critique
Un mélodrame superbement réalisé
Août 1935. La jeune Briony Tallis a 13 ans et elle vient d'achever l'écriture de sa première pièce. Elle vit dans une très vaste demeure , en compagnie de ses parents et de sa soeur Cecilia (Keira Knightley). Il y a aussi Robbie (James McAvoy) , le fils de la nourrice et qui a le même âge que Cecilia. Il fait le jardinage et se prépare à débuter des études de médecine. Un jour, à sa fenêtre, Briony surprend Robbie avec Cecilia. La jeune fille imagine, à tort, que Robbie est un pervers qui harcèle sa soeur. Quelques jours plus tard, Robbie compte justement faire sa déclaration d'amour à Cecilia. Il peine à trouver les bons mots et tape sur sa machine différentes lettres (dont une très spontanée où il lui dit qu'il rêve de son con). Bien entendu , Robbie ne compte pas envoyer cette lettre mais une autre plus littéraire et respectueuse. Une fois l'affaire achevée, il va trouver Briony et lui demande de passer la lettre à l'élue de son coeur. Par curiosité la jeune fille ouvre le courrier et découvre le mot qui parle de con...Robbie s'est trompé de message. Persuadée qu'il est un tordu, Briony attend le bon moment pour l'accabler. Et lorsque sa cousine Lola se fait agresser dans les bois la nuit par un homme inconnu, Briony déclare à la Police qu'il n'y a pas de doutes, c'est Robbie le fautif. Le jeune homme est illico envoyé en prison et voit son avenir radieux (en médecine et avec Cecilia) se briser. Il rentrera par la suite à l'armée pour ne plus être enfermé et continuera de voir lors de ses permissions celle qu'il aime. Car ce que Briony n'a pas su voir et comprendre, c'est que sa soeur et Robbie était simplement en train de débuter une grande passion. Sur plusieurs décennies, nous allons suivre les tristes destins qui ont été réservés à ces trois personnages...
Le malheur de Briony
Reviens-Moi instaure directement une étrange ambiance. Il ne faut que quelques secondes pour appréhender sans optimisme l'avenir des personnages, on sent que quelque chose de grave va arriver. On découvre Briony, jeune fille très renfermée sur elle-même et dotée d'une puissante imagination. C'est cette imagination qui va l'amener à briser la vie de sa soeur et de celui qu'elle aime. Oui, l'erreur que va commettre Briony sera impardonnable, c'est pourquoi il y aura désir d'expiation. Le génie de Joe Wright est de d'abord nous montrer l'histoire du point de vue de cette jeune fille inexpérimentée et quelque part apeurée par le désir qu'elle peut avoir pour les hommes (on apprendra plus tard qu'elle avait eu un bon béguin pour Robbie). Comme Briony, on se met donc à penser que la relation entre Cecilia et Robbie a quelques chose de louche, tordu. Puis on bascule du point de vue du couple et on se rend compte qu'ils essayaient juste de construire un beau début de relation. Le film montre ainsi comment de simples malentendus peuvent briser des vies entières. Car si rien n'est plus atroce que d'être accusé injustement, le poids de la culpabilité peut parfois être tout aussi terrible.
Nous sommes là devant une grosse fresque sentimentale, sous fond de guerre, magnifiquement réalisée. Plans séquences, caméra à l'épaule...On passe d'une pièce, d'un personnage à un autre avec délice et fascination (lumière, décors, costumes : tout est superbe). Tout est nickel et archi maitrisé : à de nombreux moments, Reviens-Moi a ainsi la grâce d'un véritable chef d'oeuvre, esthétiquement parlant. Et la sublime musique de Dario Marianelli ne gâche rien. Du côté des acteurs c'est aussi le sans faute : ils parviennent tout à fait à montrer l'insoutenable retenue dont souffrent les personnages. Briony va passer sa vie à regretter de ne pas avoir réparer son erreur, de ne pas avoir parlé à sa soeur; Cecilia , qui n'a pas osé défendre comme il le fallait celui qu'elle aimait ne vivra plus que dans l'attente; Robbie se laissera douloureusement trainer dans l'enfer de la guerre, en se sentant quelque part responsable de l'injustice dont il a été victime (ce sont ses maladresses qui ont brisé sa vie). La culpabilité, les regrets ne manquent pas; ils les rongent tous. L'histoire de ces personnages qui n'ont de cesse de se punir est passionnante , on regrettera alors que l'ensemble soit un peu inégal. En effet, le film perd un peu de son souffle et de sa virtuosité dans sa seconde partie (mais réserve tout de même encore des moments de grâce). Oeuvre violente sur les sentiments et une passion jamais consommée, Reviens-Moi séduira autant les amateurs de grande saga que les cinéphiles exigeants de par sa beauté formelle. Laissez-vous tenter...
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