"Le temps d'apprendre à vivre, il est déjà trop tard".
Ce récit émouvant aux larmes (il m'a été difficile de rester stoïque à la lecture de certaines pages) est un long poème dédié à son père par Eric Fottorino.
Son "vrai père" ? Là est le nœud de sa vie.
Éric a longtemps cru avoir été abandonné à sa naissance par un père trop préoccupé par sa réussite professionnelle (il est accoucheur, quelle ironie). Il avait en réalité été écarté par les parents de sa jeune amie qui ne voulaient pas d'un juif marocain pour gendre. Officiellement de "père inconnu" jusqu'à ses 10 ans, Éric sera adopté par le mari de sa mère, Michel Fottorino, lui-même originaire d'Afrique du Nord et qui lui a ainsi donné un nom, son nom.
De ses 17 ans, où il rencontre Maurice Maman (sic) pour la première fois, à ses cinquante ans aujourd'hui, Eric mesure le gâchis auquel il aura largement contribué. Pendant plus de trente ans, pour lui faire payer cet abandon originel, il l'aura repoussé, renié, nié.
A présent Michel est malade et Eric reçoit en pleine face la bêtise et l'absurdité de son comportement. Il veut rattraper le temps, il court, il veut tout savoir de ses origines, de Mardochée, de Fréha, de Tanger et de cette Oasis du Tafilalet où tout a commencé.
Ce livre est écrit dans une urgence désespérée, celle de retenir son père à la vie par des questions, en le faisant parler de son histoire.
On le referme un peu chamboulé. Mais aussi reconnaissant de s'être fait rappeler que c'est aussi le rôle des enfants de reconnaître leurs parents.