«Tout est bien qui finit bien» (encore Shakespeare !)… mais quand même ! J’ai vu le titre passer sur plusieurs newsletter Essonne : une femme enfermée trois se-maines dans sa salle de bains (AFP 23 nov. 2010) et ma première réaction fut : comment se fait-il que personne n’ait réagi ?
Je subodorais bien qu’il s’agissait d’une personne vivant isolée, sans lien avec ses voisins. A la limite, dans un pavillon ou un endroit isolé, je pourrais comprendre. Mais dans un immeuble ! Je sais aussi que beaucoup de vieilles personnes n’ont aucun lien ni familial ni amical. Certaines disent ne parler à personne des jours durant, sauf au facteur et encore : à la campagne. Ce fut d’ailleurs une des raisons principales de l’hécatombe de la canicule de l’été 2003. En plus, au mois d’août…
Or donc, cette vieille dame qui vit dans un immeuble à Epinay-sous-Sénart (Essonnes) s’est trouvée acciden-tellement prisonnière dans sa salle de bains, le verrou s’étant bloqué de l’intérieur. Pourquoi s’enfermer quand on est seul ? Mystère et boule de gomme. Elle a survécu environ trois semaines, juste en buvant de l’eau chaude. Heureusement, car si l’on peut survivre autant de temps sans s’alimenter – ce n’est pas recommandé ! – c’est absolument impossible sans s’hydrater. Au bout de quelques jours, c’est la mort assurée.
Le 19 novembre 2010, des voisins se sont inquiétés en voyant qu’un avis de passage d’EDF était toujours apposé sur sa porte dix jours après et ils ont appelé la police. Les policiers ont frappé une première fois, sans réponse. Après avoir interrogé des voisins, ils sont revenus et ont alors entendu une voix ténue. Les pompiers appelés en renfort ont pénétré dans l’appar-tement en brisant un carreau et ont évacué la vieille dame «très, très affaiblie» vers l’hôpital Quincy-sous-Sénart (Essonne). Ses jours ne seraient pas en danger.
Selon une voisine qui la connaissait fort peu : «On sait qu’elle n’a pas de famille, qu’elle ne sort que pour aller au centre commercial. On s’est dit qu’il devait y avoir quelque-chose». Le plus pathétique dans cette histoire est que la recluse a bien essayé d’alerter l’entourage en tapant sur les canalisations mais cet appel n’a pas été compris : «nous avions fait une pétition pour dire que quelqu’un tapait sur les tuyaux, entre 03H00 et 05H00 du matin. Nous pensions que c’était peut-être quelqu’un qui travaillait la journée et faisait des travaux la nuit»…
J’ai la chance d’habiter dans une toute petite copropriété (5 appartements) très conviviale où tout le monde se connaît. On se prévient en cas d’absence. Ma voisine en dessous a mes clefs et j’ai les siennes, ne serait-ce qu’au cas où nous les perdrions. Il y a deux ans quand j’ai fait des travaux sur le grand escabeau je laissais volontairement la porte du palier ouverte (c’est au dernier étage) car je me disais que si je chutais mon voisin pourrait me secourir en rentrant de son travail (en plus il était secouriste et assurait des permanences tous les week-end avec la Croix-Rouge). J’arrive à un âge où je me sens beaucoup moins à l’aise quand je grimpe sur l’escabeau ou l’échafaudage qu’il y a quelques années. Sans doute aussi la santé. Dire que j’ai fait de l’alpinisme !