Proposée au Lucernaire, l'excellente pièce de l'américain David Mamet, "Box Office", créée en France il y a 18 ans sous le titre "Partenaires" (avec Fabrice Luchini, Richard Berry et Anne Brochet), est mise en scène par Anne Bourgeois, proprement certes, mais frôlant le contresens...
Le propos ? Au sein d'un studio hollywoodien, Bobby et Charly, producteurs, s'apprêtent à donner le feu vert au financement d'un film de divertissement pur et sans grandes qualités artistiques mais qui devrait faire leur fortune. L'arrivée d'une secrétaire intérimaire, convaincue de l'importance du Septième Art et des messages qu'il délivre, peut-être aussi plus arriviste qu'on ne le pense, va mettre en danger ce projet en persuadant l'un des deux d'abandonner le film au profit d'un autre, plus lourd de sens. Commence alors une bataille de pouvoir et de séduction entre nos trois protagonistes.
Le jeu des comédiens est de qualité. Philippe Sivy, donne à son personnage de producteur au bord de perdre la main une énergie et une "niaque" remarquables, il est clairement l'atout de cette distribution, et si l'interprétation de Francis Lombrail est tout aussi juste, on regrette un je ne sais quoi trop "franchouillard" qui nous empêche de nous croire totalement de l'autre côté de l'Atlantique.
Un problème certain réside selon moi dans l'interprétation de Nina Drecq qui, en charmante innocente débarquant dans le milieu du cinéma, ne laisse pas la place au doute dans le degré de sincérité de ses propos, réduisant son personnage au simple rang de passionnée, dénuée de toute ambition. C'est un choix regrettable de la metteur en scène qui simplifie à l'extrême le rôle et par conséquence la situation, en contradiction avec l'issue de l'intrigue.
On peine alors à entrer dans ce combat de lions, car c'en est un, qui, au delà d'une réflexion fort intéressante sur le rôle du cinéma, la faculté d'un être à passer outre ses convictions ou ses principes (pour l'argent, le pouvoir...), perd franchement de sa saveur...
Un peu dommage.