Camouflet pour le gouvernement qui s'appuyait sur le maintien des seniors dans l'emploi : Renault vient de proposer à 3000 de ses salariés âgés de 58 ans un départ en retraite anticipé. Cet évènement prouve le décalage entre discours gouvernemental et réalité du maintien dans l'emploi des plus de 50 ans !
En juin 2010, Laurent Wauquiez dans Le Parisien, déclarait : " ... / ... En fermant le robinet des préretraites financées par l'Etat, nous avons mis fin à cette machine de ségrégation ... / ... "
Robinet, dont les entreprises multinationales françaises, peuvent se passer, lorsqu'elles entendent "gérer une période de sous-productivité". En effet, le coût des péréretraites en France pouvant être être largement financé, par recours à la délocalisation de la production vers des pays à bas coût salariaux !
Et pourtant, bien décidé à reporter l'âge de la retraite à 62 ans, le gouvernement avait mis en place un discours pour faire "passer la pilule" à tous ceux qui a plus de 50 ans craignaient de perdre leur emploi ou l'on déja perdu !
Le plus loquace était Laurent Wauquiez secrétaire d'état à l'emploi (passé depuis aux affaires européennes) : " La France, quels que soient les gouvernements, a géré statistiquement le chômage en renvoyant les seniors chez eux, pour dégonfler les chiffres. Depuis des années, on peut dire qu’on a organisé un vrai massacre. On a habitué notre pays aux préretraites. Résultat : en France, 38 % des 55 ans et plus ont un emploi, contre 50 % en Europe et 70 % en Suède ! Mais ce n’est pas la seule conséquence. Car, à la longue, cette politique a installé l’idée qu’arrivé à l’âge de 50 ans, un salarié a déjà sa carrière derrière lui. De plus, quand un demandeur d’emploi cherche un travail, il peut s’entendre dire qu’il est trop âgé pour le poste proposé…" - Octobre 2009 - Midi Libre
Au fait où en est-on des plans censés améliorer l'emploi des seniors ?
" L'obligation faite aux entreprises d'améliorer l'emploi des seniors commence à produire des effets positifs mais les décisions d'embauche restent encore très minoritaires ... / ..." écrivait l'AFP, le 16 novembre, commentant une étude du cabinet Mercuri Urval
Mais que propose Renault à ses salariés ?
" Renault a proposé mardi des départs anticipés à la retraite pour pénibilité à 3.000 salariés sur trois ans ... / ... La mesure, dans le cadre de la gestion prévisionnelle des emplois et compétences (GPEC), serait ouverte aux ouvriers, employés, techniciens et agents de maîtrise de la maison-mère et des filiales industrielles en France, âgés de 58 ans et plus début 2011, et ayant effectué 15 années de travail posté (travail en équipe par roulement) ou ayant une incapacité permanente d'au moins 10%. Ils auraient la possibilité de partir en préretraite, financée par l'entreprise, jusqu'à l'âge légal de départ. Le salaire de remplacement pourrait s'élever à 75% du salaire brut ... / ... " - AFP/Google
Nul doute que dans un contexte économique devenu moins favorable avec la fin programmée de la "prime à la casse" et la diminution progressive du bonus écologique, les salariés concernés, vont accepter dans leur très grande majorité, de profiter de cette "brèche", dans la légende gouvernementale. Et nous leur donneront, oh combien, raison !
La première à réagir a été la "madone" de la retraite à 67 ans et des fonds de pension obligatoires pour les salariés : Laurence Parisot. Elle a : " ... / ... jugé "étonnant" ce choix pour les seniors de Renault, "dont un des actionnaires est l'Etat", y voyant un "signal contradictoire", alors que la réforme relevant l'âge de la retraite vient d'être promulguée ... / ... "
Tout en oubliant de préciser que ce type d'accord avait déja été conclu par d'autres entreprises comme Rhodia : " ... / ... Le DRH du chimiste avait souligné que la réforme gouvernementale "ignore" le "travail posté", qui "a un effet indiscutable sur l'espérance de vie", sans se voir "forcément à 60 ou 62 ans ... / ... " - AFP/Google
Et surtout en continuant à ânonner sur : "... / ... des mécanismes de tutorat entre juniors et seniors " qui semblent désintéresser, au plus haut point, les entreprises.
Néanmoins, si certains salariés vont pouvoir prendre une retraite anticipée bien méritée, il ne faut pas oublier comme nous l'expliquent Les Echos que : " ... / ... Plus largement, les salariés font aussi les frais de la stratégie de délocalisation du groupe au losange. Sur les neuf premiers mois de cette année, celui-ci n'a fabriqué que 369.000 voitures particulières en France, soit 20 % du total avec les marques Dacia et Samsung. Et les choses ne vont pas s'arranger avec la prochaine usine en construction à Tanger (Maroc), vouée quasiexclusivement à l'exportation. Renault pourrait réduire ses capacités industrielles dans l'Hexagone de l'équivalent de 500.000 voitures dans les trois ans à venir, selon les analystes d'Exane BNP Paribas ... / ... " - Les Echos
Ce qui ressemble à s'y méprendre à ... un dégraissage déguisé, comme l'indique la CGT qui : " Dans un communiqué, s'inquiète des embauches qui sont proposées en contrepartie, la direction ayant annoncé, selon elle, qu'elles ne compenseraient pas les départs ... / ... " - Le Point
Oui, mais dans la mesure où il s'agit de délocaliser pour permettre aux entreprises de gagner en compétitivité, Claude Bébéar président de l'institut Montaigne qui déclarait : " délocaliser est un devoir pour les entreprises" et Laurence Parisot qui renchérissait : " ... / ... la délocalisation n'est pas une perte pour l'économie française mais une valeur ajoutée supplémentaire ... / ..." ne verront finalement pas d'un mauvais oeil cette "entorse" qui ne concernera finalement que quelques salariés ...
Alors, il ne reste plus qu'à souhaiter une bonne préretraite aux seniors de chez RENAULT concernés, tout en pensant, à ceux qui ne travaillent pas dans une entreprise multinationale de plus de 55.000 salariés, et vont plus probablement connaître ... la précarité des chômeurs en fin de droits !
Crédit image
Ministère du Travail