Les éditions Vagabonde publient La pensée prise au piège de Michele Tortorici, dans une traduction de l’italien de Danièle Robert.
Fusion dans le bleu
Maintenant que la plaine est bleue et paraît
une mer à cause de la brume qui comme une onde
la caresse et que les montagnes sont
des îles – et le Circeo là-bas une île plus
lointaine encore – et que le ciel ne se décide pas à rester
en suspens ou descendre ici-bas et
s’anéantir ; maintenant la terre est capricieuse,
elle se fond dans un miroir opaque qui exsude
des perles d’eau difformes par la nuit
déposées pour nourrir les racines et engourdir
les sens à un point d’éloignement tel
que gésir et disparaître soit possible
tout comme vivre. Et le corps se mêle
à l’obscurité qui se dissout sur la route
que je ne vois pas mais elle y est et je devrai l’atteindre
parce que – me dit-on – il faut
parvenir à une destination et cette brève
précipitation bleue ne retient pas
les raisons du jour. Maintenant la mer
laiteuse que je vois est une joute
hasardeuse, une irrésolution, un ressenti
ambigu de l’être, jusqu’à une heureuse défaillance,
à un nouveau pays discordant que l’âme voudrait
avoir comme port, peut-être aussi comme précipice,
pour se laisser rassasier de ses
contradictions, de ses errances, de ses erreurs,
de ses retours après mille fugues, comme ces
ondes – justement – étalées sur la terre pour qu’elle puisse
se fondre dans son autre.
Michele Tortorici, La pensée prise au piège, traduit de l’italien par Danièle Robert, éditions Vagabonde, 2010, pp. 62 à 65
Azzurro sprofondare
Oggi che la pianura è azzurra e sembra
mare per la foschia che come un’onda
la carezza e i monti sono
isole – e il Circeo laggiù un’isola ancora
più lontana – e il cielo non decide se restare
sospeso o scendere quaggiù e farsi
nulla ; oggi è bizzosa la terra,
si confonde in uno specchio opaco che trasuda
perle d’acqua disformi dalle notte
adagiate per nutrire radici e intorpidire
i sensi fino a una lontananza dove
giacere e scomparire sia possibile
come vivere. E il corpo mischia sé
al disciogliersi del buio sulla strada
che non vedo ma c’è e dovrò raggiungerla
perché – mi si dice – è necessario
arrivare a una meta e questo breve
azzurro sprofondare non trattiene
le ragioni del giorno. Oggi il mare
lattiginoso che vedo è una azzardata
giostra, un’irresolutezza, un sentire
ambiguo dell’essere, fino a un felice smarrimento
a un discordante nuovo paese che l’anima vorrebbe
avere come porte, forse anche come precipizio,
per lasciarsi appagare dalle sue
contraddizioni, dal suo errare, dai suoi errori,
dai suoi ritorni dopo mille fughe, come queste
onde – appunto – stese sulla terra perché possa
nel suo altro confondersi.
Bio-bibliographie de Michele Tortorici
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