Photo © Emeline Ancel-Pirouelle pour Hartzine
The Black Keys + The Walkmen, Le Bataclan, Paris, 9 novembre 2010
Six mois que que leur dernier album, Brothers, était sorti, et six mois que l’on attendait que le duo le plus fameux de l’Ohio fasse un détour par Paris, après quelques passages remarqués dans les festivals estivaux. Six mois que Dan Auerbach et Patrick Carney nous faisaient languir, et cinq depuis que notre petit billet estampillé du logo du Bataclan et d’une date automnale attendait impatiemment le jour où il aurait l’honneur d’être amputé de son talon par un des vigiles de la salle du boulevard Voltaire. Une éternité.
Pourtant, le grand jour venu, et malgré le label “complet depuis des mois“, peu de monde se presse à l’entrée. L’eau qui se déverse du ciel par litres depuis des jours a sans doute découragé même les plus pressés. Aux premiers rangs, humides mais heureux, on ne retrouve donc que les plus courageux qui, parapluie en main ou chevelure ruinée sur la tête, ont bravé les intempéries pour être sûrs d’avoir la meilleure vue sur leurs idoles.
Cerise sur le gâteau d’une soirée qui s’annonce forcément excellente, les programmateurs ont eu le bon goût d’affubler les Black Keys d’une première partie de choix. Connus et appréciés d’une bonne partie, semble-t-il, de la fosse, The Walkmen sont acclamés par la foule sans que celle-ci ait à se faire prier. Si leur dernier album en date, Lisbon, nous avait un peu déçus (lire la chronique), je ne prendrai pas le risque de trahir notre cher rédacteur en chef, fan devant l’éternel en affirmant que leur prestation fut enchanteresse. Hamilton Leithauser a, dans son costume un peu fripé, une classe folle de crooner désinvolte tandis que ses quatre collègues, plus discrets dans leurs uniformes de banlieusards trentenaires, suivent leur leader avec tout autant de brio. Chant allumé, rythmiques complexes et guitare en dentelle font tout le charme de la prestation du quintette qui dispense avec subtilité anciens et nouveaux titres, qui ont toujours en commun cette tension sur un fil qui vibre et se tend jusqu’à l’explosion et ces orchestrations mélancoliques appuyées par le chant poignant de Leithauser. La grande classe.
Après cette déflagration de génie, un seul constat s’impose : les Black Keys, relativement confidentiels il y a encore moins d’un an de ça, ont réussi à faire exploser leur cote de popularité sans trahir personne, et surtout pas leur musique. La diversification des styles opérée sur Brothers a su charrier un sacré nouveau paquet d’adeptes tout en continuant de charmer les fans de la première heure. Après une telle performance, seule la pluie qui tombe encore saura éteindre l’incendie qui ravage le coeur des premiers comme des seconds. Aucun doute que les Black Keys sauront mettre le feu à l’Olympia en mars prochain. On y sera. Encore.
Audio
The Black Keys - Girl Is On My Mind (Live à Canal +, 22 juin 2010)
Setlist
1. Thickfreakness
2. Girl Is On My Mind
3. 10 A.M. Automatic
4. Breaks
5. Stack Shot Billy
6. Busted
7. Act Nice and Gentle (The Kinks cover)
8. Everlasting Light
9. Next Girl
10. Chop and Change
11. Howlin’ For You
12. Tighten Up
13. She’s Long Gone
14. Ten Cent Pistol
15. I’ll Be Your Man
16. Strange Times
17. I Got Mine
18. Sinister Kid
19. Your Touch