Avec une interruption de quelques mois due au passage de relais entre Mel et Figatel, j’ai la chance, tous les soirs, à minuit légèrement passé, de faire une promenade de 15 à 20 mn avec mon chien. Il l’attend toujours avec impatience, me signifiant de diverses manières que l’heure est venue lorsque, autour de la table avec des amis, je ne fais pas assez attention à l’heure.
Qu’il pleuve, qu’il vente, été comme hiver, ce rituel se répète, avec le petit sac en plastique en poche pour ramasser les éventuelles crottes.
La nuit, le chien ne réagit pas comme dans la journée. Même s’il connaît, depuis, tous les itinéraires, on le sent sur la défensive, scrutant attentivement les silhouettes qui passent sur les trottoirs opposés, se retournant très souvent si des gens marchent derrière nous, s’arrêtant périodiquement pour flairer longuement le nez en l’air à la recherche d’odeurs passées, tout en compissant brièvement mais régulièrement les endroits où d’autres chiens ont fait de même,… Bref, remplissant consciencieusement sa fonction de chien de défense, et ce dès de l’âge de six mois pour le dernier.
En ce qui me concerne, c’est un court moment de sérénité tranquille, n’ayant d’autre souci que de laisser mon esprit vagabonder, sans but ni contraintes, encouragé par la nuit. C’est aussi un moment de presque totale solitude, les rares passants que nous croisons, notamment en hiver, étant résolument étrangers, presque lointains.
J’y retrouve presque tous les soirs l’ambiance un peu glauque de “Nighthawk”, cette toile d’Edward Hopper, peintre qui qui m’a toujours fasciné et dont beaucoup de toiles reflètent la solitude et la mélancolie, moi qui suis rarement seul et jamais mélancolique.