The Big C: Saison 1

Publié le 23 novembre 2010 par Shoone
The Big C: Saison 1

Je sais bien que The Big C mériterait que je lui consacre mille fois plus que ce misérable bilan. Mais un sériphile doit savoir faire des choix. On ne peux pas tout reviewer hebdomadairement, à moins de sacrifier toute vie sociale ou ambition professionnelle. Personnellement, je n'en suis pas pas encore là. Je ne trouve pas pour autant moins dommage de ne pouvoir offrir à cette série qui a déjà tout d'une grande, qu'un seul petit post... mais il faudra s'en contenter. Mais au fait The Big C, ça parle de quoi déjà? The Big C, c'est avant tout une série sur une cancéreuse, d'où le fameux C du titre. La malheureuse élue se prénomme Cathy Jamison, mère aimante, enseignante désabusée et parfaite femme au foyer de la middle-class à ses heures. Interprétée avec brio et émotion par la géniale Laura Linney, elle va apprendre, au fil des épisodes, à vivre avec sa maladie... à sa façon. Mais elle va surtout apprendre à vivre, tout court. C'est alors dans un vrai voyage que nous embarque Cathy, un voyage dans le monde du cancer; à la recherche du sens de la vie. Tout au long de la saison, ce voyage va la confronter aux différents rituels et éléments traditionnels à ce type d'histoire. La force de The Big C sera de réussir à toujours les rendre originaux, de ne jamais nous en parler comme on pourrait s'y attendre. On a par exemple l'oncologue de Cathy, le Dr Todd, joué par Reid Scott, qui apparaît complètement dépassé par sa patiente, qui est d'ailleurs la première à qui il découvre un cancer. Il y a sinon le groupe de soutien que songe à rejoindre Cathy, complètement tourné en dérision. Et puis on a aussi droit à une drôle de séance de découverte des traitements alternatifs lorsque Cathy se rend  au Canada pour essayer de faire traiter son cancer par des piqûres d'abeilles, avec l'aide d'un Liam Neeson, particulièrement loufoque et drôle avec ses convictions sur la médecine parallèle.

Parce que le cancer ce n'est pas que l'histoire d'une seule personne, mais aussi celle de son entourage qui subit la maladie tout comme elle, on s'attarde aussi sur divers personnages secondaires qui constituent la drôle de famille de Cathy. Pour le meilleure, comme pour le pire, car là a toujours été la grande faiblesse des dramédies de Showtime: elles ne savent pas toujours occuper convenablement les seconds rôles. L'originalité ici c'est que peu sont au courant du cancer de la pauvre Cathy et poursuivent alors en électrons libres des intrigues qui leur sont propres. Mais ça reste au final toujours plus réussis quand ils sont associés à Cathy. Oliver Platt, génial en mari immature et parano, a le privilège d'avoir en général toujours des histoires liées à sa femme. Les 2 nous offrent ainsi un formidable jeu de "je t'aime/moi non plus" tout au long de la saison avant de finalement se retrouver, décidés à faire face ensemble au cancer, et ce malgré leurs écarts respectifs avec un peintre black paumé pour Cathy et la pouffe du terrain de foot pour Paul. D'ailleurs, heureusement que ceux-ci se concluent assez vite car ils n'ont au final que bien peu d'intérêt. Le duo Paul/pouffe n'est pas très drôle et pas franchement convaincant et le peintre, incarné par Idris Elba, se fait un peu bouffer par Laura Linney. Adam, le fils de Cathy et Paul, est moins chanceux. Déjà, on ne s'attache pas du tout à ce personnage là... gamin, insensible, têtu, Adam est une vraie plaie avec sa mère. Et puis il n'est pas franchement mieux avec les autres. Notamment avec la pauvre Andrea (l'excellente Gabourey Sidibé de Precious) avec qui il manque plusieurs fois de gâcher son amitié. Mais il va progressivement évoluer, et réussir à devenir particulièrement touchant en fin de saison, et je crois que son contact avec cette chère vieille Marlene y aura contribué.

La fameuse voisine d'en face s'avère être le second rôle le plus fort du lot. Le paradoxe c'est que c'est elle qui va être pendant longtemps la seule à connaître le secret de Cathy et pourtant c'est elle qui s'en sort le mieux en solo à mon sens. On traite à travers elle avec beaucoup de justesse et d'émotion le thème de la vieillesse et plus spécialement la maladie d'Alzheimer. Son histoire se conclut dès cette première saison de manière particulièrement surprenante et tragique qui confirme la solidité du développement du personnage. Dans un registre plus léger, on a Sean, le frère SDF (par choix) de Cathy, un excellent ressort comique lors des premiers épisodes. Il bénéficie aussi d'excellents moments avec Cathy, notamment lors de leur petit road-trip pour aller visiter leur père, et ce pendant toute la première partie de saison. ça se gâte ensuite quand débarque Cynthia Nixon en vieille amie de fac de Cathy. Je ne remet pas en cause l'intérêt de ce personnage dont les scènes avec Cathy étaient très drôles et tendres... mais je ne vois en son idylle avec Sean qu'un prétexte pour forcer Nixon à rester dans la série. Et c'est dommage parce que The Big C n'en a pas si besoin que ça, un petit passage en guest suffisait. Mais non, du coup, on a droit à une relation assez bâclée et vite expédiée... espérons que le coche sera rectifié en saison 2.

Le vrai ciment de la série reste donc Cathy. Et quel ciment! La prestation de Laura Linney lui vaudra à coup sûr un Emmy (de toute façon toutes les actrices de Showtime l'obtiennent). En 13 épisode, elle sera passée par toute une palette d'émotions. Peur, frustration, joie, tristesse, amour, tendresse... mais toujours latent, derrière tout ces sentiments, le déni. C'est en fait autour de ce thème que s'articule la saison qui représente ainsi la première phase par laquelle passe le malade confronté au cancer. Fuyant ainsi la maladie, les choix de Cathy ne sont donc pas toujours des plus cohérents et judicieux. On la voit alors essaier de profiter au maximum de chaque instant de la vie, si bien que son attitude s'opposera souvent aux règles de société. Elle va par exemple au cours du magnifique Playing the Cancer Car (sûrement mon épisode préféré de la saison) prendre des décisions financières complètement déraisonnables, se comporter de façon totalement imprévisible et spontanée, allant jusqu'à libérer un homard dans une piscine. Et puis elle va revenir à la raison et faire de ses nombreux achats compulsifs de futurs cadeaux posthume pour son fils. C'est sombre et profondément tendre à la fois. La parfaite définition de la série.


En conclusion, l'exercice s'annonçait casse-gueule: fonder une entière série autour du cancer sans tomber dans le mélodrame facile. Mais The Big C s'en sort haut la main, et ce grâce à une écriture juste et intelligente et à ses acteurs, et surtout rôle principal, absolument parfaits d'humanité et de fragilité. Pas de doute possible, The Big C est la meilleure nouveauté de 2010/2011.