Bon, tâchez de faire de beaux rêves, pas comme ce pauvre Scottie.
Cette scène (tirée du film que je préfère d’Hitchcock-Vertigo), m’a toujours fascinée et remplie d’effroi, alors que les images, prises une à une, n’ont rien de particulièrement effrayant. C’est leur combinaison, associée à la musique, qui rendent ces minutes cinglantes.
Le thème musical (génial Hermann), toujours le même, passe en effet de la douceur à un rythme plus syncopé, hispanisant (castagnettes) car évoquant la Mission et la fameuse Carlotta Valdes… On passe des motifs obsessionnels (le bijou, le bouquet) à une femme dans l’ombre, et cette fois, ce n’est pas Madeleine/Kim Novak, et je crois que c’est cette surprise qui (même si elle n’en est plus une au trente-sixième visionnage !) ne cesse de me faire sursauter. L’immobilité de la scène renforce l’impression d’étrangeté, comme si les personnages n’étaient que des poupées, des mannequins sans vie, manipulés par un dramaturge-démiurge particulièrement doué.
Ce que Scottie est, même s’il ne le sait pas encore et ce que nous sommes, consentants et horrifiés, nous, les spectateurs.