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La douleur des victimes

Publié le 23 novembre 2010 par Malesherbes

Ce que l’on désigne sous le nom de l’affaire Karachi s’articule autour de trois moments principaux :

- Le 21 septembre 1994, un contrat a été signé entre la Société française de matériel d’armement et le Pakistan. Il prévoyait que des commissions seraient versées à des intermédiaires.

- Fin 1996, à la demande de Jacques Chirac qui suspecte la rétrocession par ces intermédiaires d’une part de ces commissions à des Français, Charles Millon, ministre de la Défense, met fin à leur règlement.

- Le 8 mai 2002, quatorze personnes, dont onze Français de la Direction des constructions navales, sont tuées dans un attentat à Karachi. On évoque l’hypothèse d’un attentat terroriste mais aussi celle d'une action de représailles menée par le gouvernement pakistanais suite à la suppression des commissions dues.

Etant donné la difficulté pour les autorités françaises de mener une enquête criminelle à l’étranger, surtout dans un Etat éventuellement impliqué dans cet attentat, on conçoit qu’il soit très ardu de déterminer si l’attentat a été perpétré en représailles du non-paiement des commissions. Mais une enquête judiciaire peut établir si, comme un certain nombre d’indices le laissent supposer, il y a eu des rétro-commissions.

Notre Président de la République, toujours très compassionnel, s’est engagé à laisser la justice faire son travail et le secrétaire général de la Présidence de la République a publié le 20 novembre un communiqué dans lequel on peut lire : « Aucun obstacle n'a été opposé à la manifestation de la vérité dans cette affaire : l'enquête judiciaire a débuté dès le jour de l'attentat et les procédures suivent depuis normalement leur cours ». Fort bien. Malheureusement :

- le secret-défense a été invoqué pour s’opposer à des demandes du juge d’instruction

- Jean-Louis Debré n’a pas accepté de transmettre au juge le délibéré du Conseil Constitutionnel ayant conclu à l’approbation des comptes de campagne d’Edouard Balladur

- Bernard Accoyer a de même refusé de lui transmettre les auditions des personnes reçues par la mission parlementaire

- François Fillon s’est opposé à une perquisition dans les locaux de la DGSE.

Que notre guide injustement attaqué laisse enfin toute liberté à la Justice. Au lieu de la contraindre à demander la permission pour récupérer tel ou tel document dont elle peut suspecter l’existence et qui, comme l’expérience l’a parfois démontré, lui sera fourni tronqué, quel inconvénient y a-t-il à la laisser opérer elle-même, dans le cadre de perquisitions, découvrant éventuellement des éléments dont elle n’avait pas même l’idée ? Quand un quidam a plaisanté après un propos malheureux de Madame Dati, a-t-on hésité une seconde, pour une affaire aussi cruciale, à perquisitionner chez lui et emporter son ordinateur ?

Assez de ces hypocrites protestations de bonne volonté ! Plutôt que de lever des arguties juridiques à chaque détour de la procédure, laissons la probité candide de Nicolas Sarkozy jaillir, et la vérité éclater. Sinon, on sera tenté d’assumer que c’est sa manifestation qui est redoutée.


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