Les "sages" de la Ligue Italienne de Football ont donc tranché. Pour son coup de tête donné à Bostjan Cesar pendant le match Chievo-Inter, Samuel Eto'o sera suspendu pendant les 3 prochains matches du Calcio. Comme si cette punition ne suffisait pas, le goléador camerounais est condamné à payer 30 000 euros d'amende. Evidemment, ces messieurs épris de justice ont omis de sanctionner Cesar, qui avait tout de même passé son match à provoquer Eto'o au point de lui infliger un coup de coude quelques minutes avant l'incident fatal.
Nul ne se faisait d'illusion quant à la décision de la commission de discipline du Calcio, mais on est surpris par la sévérité relative de cette sanction. Les 3 matches de suspension correspondent au tarif normal appliqué aux récidivistes, alors qu'Eto'o est connu pour son fair play. L'amende de 30 000 euros quant à elle est déjà superflue. Mais en plus, son montant est hors cadre comparativement à ce que d'autres joueurs ont été condamnés à payer pour des faits similaires (6014 dollars en son temps, soit 4400 euros environ pour Zinedine Zidane, l'inventeur du "head-on-chest").
La différence, c'est que la punition infligée à Zidane en 2006 l'avait été par les membres de la FIFA, qui avaient d'ailleurs eu la sagesse de punir dans le même mouvement le provocateur Materazzi (4010 dollars d'amende, soit 2900 euros environ), alors que les responsables de la Ligue Italienne se trouvent aux manettes d'un système régulièrement épinglé pour son caractère maffieux, et ouvertement peu soucieux de protéger les joueurs créatifs.
Lorsque José Mourinho, la saison dernière, dénonçait quotidiennement les tricheries dans le football italien, beaucoup se contentaient de sourire devant ce qu'ils prenaient pour les lubies habituelles du Special One. Il suffit pourtant d'observer les matches de l'Inter cette saison pour voir la violence avec laquelle les défenses adverses agressent Samuel Eto'o, sans que les arbitres ne daignent réagir. Il faut y ajouter les cris racistes qui descendent des travées et les vilaines paroles régulièrement balancées par les adversaires sur le terrain, plus la pauvreté du jeu proposé par la défense et le milieu nerrazurro pour mesurer la pression qui s'est accumulée et qui a jailli sous la forme de ce fameux coup de tête.
L'une des solutions serait que Samuel Eto'o change de club à la faveur du mercato d'hiver pour rejoindre des cieux plus cléments, ou du moins un club et un championnat qui lui causeront moins de frustrations et où il sera moins en danger qu'en Italie. A 29 ans, le Camerounais est au sommet de son art, et je suis prêt à parier que les plus grands clubs d'Europe rêvent de s'attacher ses services. La réalité du business est souvent la plus forte, et on sait que rien n'est facile dans ce domaine.
Mais rien n'empêche non plus de rêver.