Hathi, film canadien réalisé par Philippe Gautier et Prajna Chowta (l'épouse du réalisateur) qui a écrit le scénario en
Dans un village du sud de l'Inde, Makbul un enfant qui est né sous le signe de l'éléphant et contre l'avis de sa mère veut devenir "mahout" (homme qui vit au quotidien avec un éléphant, qui est à la fois le maître, le guide et le soigneur de l'éléphant) comme son père l'a été. L'éléphant et l'enfant, puis l'enfant devenu adulte, vivent en parfaite harmonie en travaillant ensemble en s'occupant de l'entretien des forêts. Mais un jour le gouvernement décide de vendre l'éléphant.
L'intrigue peut sembler mince mais elle est prétexte à un splendide film animalier avec des images d'une grande splendeur. La voix off de Makbul accompagne ce récit qui se déroule sur un rythme lent montrant l'harmonie parfaite entre la nature, l'animal et l'homme.
En 1993, Philippe Gautier, auteur de courts métrages, est assistant de John Boorman pour un film publicitaire qui se tourne en Inde. Il tombe instantanément amoureux du pays... et d'une jeune Indienne, qu'il épouse. « Dès que j'ai vu des éléphants apprivoisés, raconte-t-il, j'ai été frappé par la relation qui les liait à leur mahout. On voyait de jeunes enfants dormir aux pieds d'animaux capables, d'un simple coup de trompe, de leur briser la colonne vertébrale. Je me suis demandé pourquoi aucun film ne traitait de ce sujet. J'en ai trouvé un seul, datant de 1937 : Elephant Boy, de Zoltan Korda, film typique de l'époque coloniale, avec des acteurs blancs maquillés pour jouer les Indiens... Alors, ma femme et moi avons décidé de remonter à la source de cette étrange profession. » Prajna Chowta, l'épouse du cinéaste, s'installe pendant plusieurs années dans des villages de mahout. Le scénario de Hathi prend forme. Un producteur canadien s'enthousiasme. Le tournage « très difficile ! », dit simplement Philippe Gautier durera plus d'un an (1). Les acteurs, non professionnels, sont recrutés sur place. Pour les besoins du scénario, il faut remonter 2 600 kilomètres jusqu'au nord de l'Inde, sur des routes défoncées et pas très sûres. L'éléphant « vedette » est véhiculé sur le plateau d'un camion qui ne peut pas dépasser les 30 kilomètres à l'heure. L'équipe est réduite à six personnes : « Il fallait surtout ne pas perturber les villageois, et respecter leur authenticité, explique Philippe Gautier. Le film est plein de "cadeaux" qu'ils nous ont faits. »
En cours de tournage, le cinéaste se lance un second défi : filmer la naissance d'un éléphanteau. Mais la gestation d'un éléphant dure de dix-huit à vingt-deux mois : il est impossible de prévoir le moment de la mise à bas. Pendant cinq mois, nuit et jour, Prajna Chowta va suivre une femelle gravide... ratera la naissance de quelques minutes, mais captera les premiers pas du nouveau-né chancelant. Philippe Gautier et Prajna Chowta n'ont pas l'intention d'en rester là : ils préparent une expédition scientifique pour étudier les mouvements migratoires des éléphants à la frontière de la Birmanie...
Le récit du tournage est paru dans un livre abondamment illustré : Hathi (l'éléphant) - Journal de bord, de Philippe Gautier et Prajna Chowta, Les Editions de la fête. Article paru dans le magazine Télérama en septembre 2000