Gilles Ottawa
Éditions Cornac
138 pages
Résumé:
Les pensionnats indiens du Québec sont dans bien des esprits synonymes de détresse et d’abus en tous genres. Il est vrai que sous la férule de religieux peu moraux, ces établissements n’ont pas seulement séparé des enfants de leur famille, mais ont aussi été le centre d’exactions psychologiques et physiques aberrantes. Ce qu’on oublie souvent, par contre, c’est que ces pensionnats ont également été à l’origine de l’émergence d’une culture mixte et, il faut l’admettre, d’une nouvelle génération de jeunes éduqués devenus depuis chefs de leur Nation ou encore cols blancs dans le secteur publique. Bref, tout n’est pas noir ou blanc, à l’image des recherches et des photographies inédites ressemblées par l’historien atikamekw Gilles Ottawa. Ce dernier nous invite dans cet ouvrage à redécouvrir le quotidien des pensionnaires et à poser un oeil neuf sur une époque qui a constitué une étape cruciale dans l’histoire des Premières Nations du Québec.
Mon commentaire:
Ces dernières années, quelques ouvrages sur les pensionnats indiens ont été publiés. Ces pensionnats ont été créés pour l'assimilation des Amérindiens à la culture blanche. C'est à partir de 1870 que le gouvernement a commencé à s'intéresser de plus près à la question amérindienne et à intervenir auprès des familles. En voulant offrir l'instruction aux jeunes, le gouvernement a séparé plus de 150 000 enfants autochtones de leurs familles. Les pensionnats Indiens ont fait des ravages dans la communauté et ont commencés à être fermés dans les années 1970. Le dernier pensionnat ferme ses portes en 1990, ce qui est tout de même assez récent.
L'auteur de ce très bel ouvrage, Gilles Ottawa, a été scolarisé au pensionnat de Pointe-Bleue, de 1965 à 1969. Son livre se veut un double regard sur les pensionnats: celui de l'historien et celui de témoin. L'ouvrage est vraiment intéressant. Remplit de photos d'archives, il fait fait vivre les pensionnats indiens du point de vue historique et social et nous offre des témoignages de survivants.
C'est véritablement à partir des années 1920 que le surintendant général des affaires indiennes du Canada prend en charge la question des Autochtones en forçant les enfant de cinq à quinze ans à s'inscrire dans les pensionnats indiens. Les plus âgés pouvaient "vendre" leur identité autochtone au gouvernement, afin d'être affranchis du statut d'indien et pouvoir accéder aux études supérieures et aux même droits que les blancs. C'est ahurissant de constater à quel point ces mesures pouvaient être largement acceptées et appliquées.
L'ouvrage de Gilles Ottawa est vraiment intéressant car il offre un tour complet de la question des pensionnats indiens. Qui étaient les pensionnaires? Comment fonctionnait le placement en pensionnat? Le voyage? Le quotidien? La nourriture? Quelles activités les pensionnaires étaient-ils autorisés à pratiquer? Le volume nous offre des anecdotes et des témoignages. Si le rôle des pensionnats était d'instruire, la façon d'y parvenir était déficiente. En ridiculisant les coutumes ancestrales des autochtones, on ouvrait la porte à l'intimidation, à la violence, aux abus, au déracinement et à la honte. Certains ont toutefois eu la chance de vivre le pensionnat de façon plus sereine, en apprenant une nouvelle langue et en se voyant offrir une scolarité qui leur a ouvert des portes par la suite. C'est d'ailleurs les points positifs qui ressortent le plus dans les différents témoignages.
Le volume est complété par des informations sur la question amérindienne et sur les faits historiques importants. Si le gouvernement a fait ses excuses et dédommagé les pensionnaires, il reste encore beaucoup à accomplir pour rétablir la paix dans les communautés autochtones du pays.
Un volume très éclairant, émouvant et intéressant, qui aborde les pensionnats indiens sous plusieurs aspects. À lire.