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Eric Stauffer, président du MCG, poursuivi par le MPC à la requête de la Libye

Publié le 22 novembre 2010 par Francisrichard @francisrichard

Eric Stauffer poursuiviLa Libye aurait été outragée par l'affiche que le MCG, le Mouvement des citoyens genevois, se proposait de placarder à Genève dans le cadre de sa campagne de soutien à l'initiative de l'UDC sur le renvoi des criminels étrangers. Elle l'aurait exprimé oralement à Tripoli  le 18 octobre 2010 à l'ambassadeur de Suisse. Elle l'aurait confirmé par une requête écrite, datée du 4 novembre dernier.

Il ne manquait plus que cette requête pour que le Conseil fédéral puisse donner son feu vert à la poursuite pénale d'Eric Stauffer [la photo provient d'ici], président du MCG, pour outrage à un Etat étranger, en vertu de l'article 296 du Code pénal suisse. Depuis le jeudi 18 novembre, c'est chose faite.

Le Conseil fédéral pouvait ordonner au Ministère public de la Confédération, MPC, de poursuivre Eric Stauffer, mais rien ne l'y obligeait, sinon pour préserver les nouvelles et récentes meilleures relations que la Suisse, naguère humiliée par lui, tâche d'entretenir désormais avec le dictateur... Eric Stauffer risque une peine de trois ans de prison au plus ou une peine pécuniaire.

Quels sont les faits ? Sur l'affiche concoctée par le MCG figurait une banale photo de Kadhafi, surmontée du titre "Il veut détruire la Suisse". Comme je le rappelais dans mon article du 26 octobre 2010 sur le sujet [Affiche MCG: vous avez dit outrage à Kadhafi? Comme c'est étrange ! ], il est difficile de voir dans cette photo et dans ce titre un quelconque outrage à Kadhafi ou à la Libye puisque cela correspond à la pure et simple vérité :

"Lors du G8, début juillet 2009, il[Kadhafi] déclare que la Suisse "est formée d'une communauté italienne qui doit retourner en Italie, d'une autre communauté allemande qui doit retourner en Allemagne et une troisième communauté française qui doit retourner en France." ici

Début septembre 2009 on apprend qu'il a le plus sérieusement du monde déposé une requête en ce sens auprès de l'ONU ici, qui ne sera pas retenue parce que contraire à sa Charte.

Le 25 février 2010 le Führer fou déclare le jihad contre la Suisse :"C’est contre la Suisse mécréante et apostate qui détruit les maisons d’Allah que le jihad doit être proclamé par tous les moyens. Le jihad contre la Suisse, contre le sionisme, contre l’agression étrangère n’est pas du terrorisme." ici.

La destruction des maisons d'Allah sont clairement une allusion tordue - avec trois mois de retard ! - au vote du peuple suisse du 29 novembre 2009 demandant l'interdiction de construire de nouveaux minarets sur le sol helvétique..."

En tous les cas, le Conseil d'Etat genevois n'a rien trouvé de mieux que de dénoncer cette affiche au MPC ici, le 22 octobre 2010. Le 25 octobre 2010 le séquestre provisoire était ordonné par ce dernier. Le MCG et son président Eric Stauffer faisaient recours contre ce séquestre devant le Tribunal pénal fédéral, qui les déboutaient le 16 novembre 2010. Deux jours plus tard Eric Stauffer était poursuivi... 



S'il est difficile de trouver outrageux le fait que le colonel Kadhafi veuille détruire la Suisse puisque c'est la stricte vérité et qu'il en est même fier, on pourrait toutefois s'interroger sur le lien que tente d'établir l'affiche entre Kadhafi et le renvoi des criminels étrangers. Le seul lien, implicite, mais il faut reconnaître qu'il est tiré par les cheveux, est que Kadhafi s'est comporté comme un criminel étranger.

En effet, dans la tradition barbaresque, il a pris en otages deux ressortissants helvétiques l'un pendant 583 jours et l'autre pendant 695 jours. Difficile pour autant de le renvoyer pour la bonne raison qu'il ne se trouve pas sur le sol suisse et que lui et son fils sont de toute façon plus égaux que les autres. La preuve : ils n'ont jamais été condamnés pénalement par la justice helvétique.

En admettant que ce soit outrageux de dire la vérité et de faire l'amalgame entre Kadhafi et les criminels étrangers, bons pour le renvoi, le Conseil fédéral est mal venu de donner droit pour autant à la requête libyenne. En effet, l'un de ses membres, Micheline Calmy-Rey, pour ne pas la nommer, n'a-t-elle pas qualifié la prise d'otages suisses en Libye de "kidnapping", le 22 octobre 2009 iciLa prise d'otage n'est-elle pas punissable en Suisse en vertu de l'article 185 du Code pénal ?

Francis Richard


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