Pédalé pour la première fois sans toi. Pour la première fois depuis que je t'ai vue rivaliser avec le soleil, sur un trottoir doré de la rue Bordeaux, tu n'étais nulle part. Je crois bien que cette fièvre m'a fait suer cent kilos de rêves. Surgissant de ma chrysalide. Ma poigne, sur la guidoline, ne cherchait pas la trace de tes doigts posés là en août, pour la dernière fois. Les rayons… Sur mes cuisses… Ne me rappelaient pas ta caresse. Les guirlandes d'obsidiennes lumineuses qui tombaient du ciel n'évoquaient plus tes prunelles. Le vent dans mes cheveux n'avait plus ta douceur. Et les vignes fourbues, noueuses et endormies, n'attendaient plus ton regard pour me nouer le ventre. Rosie me suffit. Je me suffis. C'est comme basculer… Reculer d'un printemps.
—© Éric McComber