Le Centre Berkman pour l'Internet et la Société de l'Université d'Harvard a mené un grand projet de recherches de 2 ans sur le rôle d'Internet dans la société russe et notamment en matière de politique. Il a passé en revue près de 5 millions de blogs russes, identifié les 11.000 plus actifs et ainsi analysé les réseaux de discussions autour de la politique et des affaires publiques. Le rapport final fait 46 pages, je me contenterais donc d'en traduire ici le résumé et les principales conclusions.
Ce rapport nous apprend donc que contrairement à leurs homologues aux États-Unis et ailleurs, les blogueurs russes préfèrent utiliser des plateformes qui combinent les caractéristiques typiques des blogs avec des fonctions de réseautage social (de type Facebook). Et la plateforme la plus utilisée, notamment pour les sujets politiques et sociaux, est, sans surprise, LiveJournal.
Les principales discussions se divisent, sans surprise également, en quatre grands groupes :
- Politique et affaires publiques (y compris les affaires, la finance, les activistes sociaux et les mouvements politiques)
- Culturel (y compris la littérature, le cinéma, la "grande" culture et la culture populaire)
- Régional (blogueurs en Biélorussie, Ukraine, Arménie, Israël, etc.)
- "Instrumental" (blogs payés et blogs pour des incitations externes).
Les blogueurs politiques couvrent un large spectre de comportements, qui vont de ceux qui ont un point de vue indépendant à ceux affiliés à des mouvements politiques qui ne sont pas en ligne, notamment ceux de l'opposition démocratique mais aussi des nationalistes. Les blogueurs pro-gouvernementaux ne sont pas particulièrement nombreux et ne constituent pas un groupe propre, mais participent aux discussions générales sur les affaires publiques en Russie. Cependant, il y a une concentration de blogueurs affiliés à des groupes de jeunes pro-gouvernementaux parmi les blogueurs "instrumentaux".
L'actualité en ligne suivi par les blogueurs russes est plus indépendante, internationale et tournée vers l'opposition que celle des utilisateurs d'Internet en général, et encore plus que celle des non-utilisateurs d'Internet, qui regardent davantage les chaînes de télévision contrôlées par l'Etat fédéral.
Enfin, les vidéos politiques populaires de YouTube se concentrent sur la corruption et les abus de pouvoir par les élites, le gouvernement et la police.
Personnellement, il ne me semble pas avoir appris grand chose sur la blogosphère politique russe, peut être parce que j'ai l'habitude d'en "fréquenter" une partie. Le rapport de 46 pages est certainement plus instructif, je l'ai donc mis en téléchargement.
Source image : Berkman center for Internet and Society
- Public Discourse in the Russian Blogosphere