C’est fait. Les républiques marchandes de l’Union Européenne ont tombé le masque en s’engageant à devenir officiellement, par le biais de l’Otan, un simple protectorat américain. La surprise n’est pas tant là que dans le fait que la France soit sur la même longueur d’onde.
Les chefs d’Etat européens à défaut de signer un pacte avec le diable ont abandonné l’âme européenne dans un marché de dupes. Le sommet de l’Otan à Lisbonne, a adopté, sous les flashes et les sourires, la proposition américaine de déployer un bouclier antimissile en Europe.
Ceux qui avaient en leur temps dénoncé avec vigueur le retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN voient leurs pires craintes confirmées. Le troc est simple : sécurité contre vassalité. Les 21 pays de l’Union européenne membres de l’Alliance ont tranché: la sécurité du continent revient à l’Otan.
La petite mort du rêve d’une Europe de la défense va de pair avec la fin d’une certaine idée de la France. La rupture promise par Nicolas Sarkozy a bien eu lieu. La diplomatie française déjà mise à mal par une politique de grands écarts, de souplesse d’échine devant les puissants et de démantèlement par un assèchement financier du réseau diplomatique, a pris un sacré coup sur la tête.
Adieu la liberté de ton d’une puissance moyenne, parfois dérangeante, conquise à la force du poignet par une carte de membre du club très fermé des puissances nucléaires. La force de frappe française sera bientôt à ranger avec les souvenirs de grand-papa.
On aura beau clamer du côté Français dans un total revirement sur les deux décennies passées que la défense antimissile est un complément et non un substitut à la dissuasion nucléaire, la messe est dite.
Rares sont les observateurs qui dénoncent la marginalisation de nos armes nucléaires alors que celles-ci fêtent cette année leur cinquante ans. Un demi-siècle plus tard, la vision Gaullienne de l’indépendance de la France est-elle surannée ? Les bénis oui-oui de l’Oncle Sam avalisent par ce renoncement le sentiment de déclassement de tout un pays noyé dans une mondialisation qui met à mal tous les étages du modèle français.
Même s’il s’en défend, Nicolas Sarkozy, plus intéressé par les affaires économiques que militaires, n’a que peu de considération pour la bombe, qu’il range au musée des vestiges de la grandeur gaullienne. Le général aura d’ailleurs sans doute mangé son képi en voyant Nicolas Sarkozy prôner à Lisbonne une France toujours plus intégrée dans l’Otan.
L’accord militaire Franco-Britannique signé à Londres le 2 novembre dernier avait déjà fait de la dissuasion nucléaire de ces deux pays un simple boulet financier. Si des mutualisations intelligentes sont prévues aucun programme nouveau n’est envisagé.
Les dirigeants des deux pays sont sensibles aux sirènes d’une Amérique qui, sous prétexte de dénucléarisation, se propose de prendre sur ses épaules la question atomique.
Las, dans notre Europe vieillissante, l’Allemagne joue le cheval de Troie en prônant la sanctuarisation, la dénucléarisation du continent européen, comme si l’Europe avait pour vocation de devenir une grande Suisse sous l’aile protectrice américaine.
Une Allemagne décadente démographiquement et moralement, obnubilée par ses petites affaires, qui a oublié un peu rapidement les enseignements de la politique de la canonnière.
Fatigués d’avoir trop versé leur sang, les européens s’engagent à n’être que des forces militaires supplétives, comme en Afghanistan, dans une stratégie et une conception du monde à 100% américaine.
Outre le fait que le projet de bouclier antimissile sera particulièrement onéreux, plusieurs milliards d’euros, la contribution financière des européens permettra de financer l’industrie militaire outre-atlantique au détriment de la recherche européenne et de notre propre tissu industriel. En revanche, l’essentiel, l’accès aux données et au commandement central du dispositif est loin d’être acquis.
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