Cette magnifique description des 4 chemins du randonneur vers Vézelay que nous devons à l’ami Chambolle avait souffert de “l’incident” survenu sur les blogs du Monde.fr; c’était l’occasion de réactualiser les photos (ne manquer le clic pour agrandir) illustrant cette approche de La Madeleine (le texte est inchangé)
Pour celles et ceux qui connaissent la région, ils apprécieront certainement à nouveau la randonnée. Les autres auront peut-être l’envie de venir voir de prêt ce merveilleux environnement, de faire connaissance avec la colline inspirée … (les commentaires lors des premières parutions ont malheureusement disparus : l’occasion d’en inscrire de nouveaux …)
[réédition]
… que ad Sanctam Magdalenam Viziliaci tendentes
Il y a quatre voies qui mènent à la Sainte Madeleine de Vézelay . Le même nombre, exactement, que pour Saint Jacques de Compostelle. Mais notre colline bourguignonne a l’avantage sur la pointe de la Galice d’être plantée au cœur des terres. On y vient donc des quatre points cardinaux. Nord, Sud, Est et Ouest, autant d’occasions de constater que, comme on ne se baigne jamais deux fois dans la même rivière, on ne voit jamais Vézelay de la même façon . D’ailleurs, pour peu qu’on soit curieux et qu’on ne craigne pas de s’égarer un peu, (ce qui n’est pas très grave, le Morvan n’est pas l’Amazonie) la découverte de la basilique peut se décliner sur tous les pétales, et ils sont nombreux, de la rose des vents.
C’est donc pour simplifier à l’extrême que je m’en vais proposer quatre balades qui permettent d’aborder la colline sacrée en venant de chacun des quatre points cardinaux. Il va de soi que ces itinéraires ignorent la ligne droite qui n’est le plus court chemin pour aller d’un point à un autre que dans les mornes manuels de la géométrie.
Le chemin du Nord
Laissant les véhicules chargés de Danois, de Frisons ou d’habitants de la Seine-Maritime, filer sur la départementale 951 qui mène de, l’encore, route nationale 6 à Vézelay, le randonneur ou la randonneuse garera son véhicule à Givry situé en B2 de la carte IGN 2722 ET et à quelques encablures de la gare SNCF de Sermizelles (arrêt facultatif). Le GR 13 traverse le village. Pendant tout le début de la balade, il suffit de suivre ses balises rouges et blanches.
Un banc de béton y attend le promeneur dilettante. C’est le moment de tourner à droite et de s’engager sous bois, direction sud-ouest dans une piste qui grimpe entre les deux points culminants de l’Avallonnais les monts Niètre (331 m) et Montmartre (354m). Au « col » qui sépare ces deux sommets on trouve à gauche un sentier. Il conduit au plus élevé au Montmartre. Là-haut des archéologues ont trouvé les restes d’un petit temple dédié aux dieux gaulois puis gallo-romains locaux (les martres…). Une fosse circulaire presque invisible est la seule trace qui subsiste de cet édifice. Une croix plantée entre trois tilleuls exorcise le souvenir des divinités païennes. Faire le détour pour voir vaut la peine. Il y a les marches d’un escalier qui, sans peut-être remonter aux Romains, ne date pas d’hier. Il y a la vue qui s’étend loin vers le nord et surtout, il y a un je-ne-sais-quoi de nostalgique et de mystérieux qui incline au silence.
A l’entrée du chemin, une pancarte de moins en moins lisible avise le marcheur qu’il foule un grand itinéraire européen et au débouché du raidillon, des pierres déposées au pied d’une croix de fer signent le passage régulier en ces lieux de pèlerins en route pour Saint Jacques. Une courte descente et la piste grimpe derechef pour traverser le bois des Champs de Cayenne, longer celui du champ Moré et déboucher sur les premières treilles du vignoble de Vézelay. C’est à ce moment qu’il faut laisser le GR 13 partir tout droit vers le hameau de Nanchèvre et suivre sur la droite, entre deux vignes, un bon chemin d’exploitation qui mène jusqu’à un bois dont il suit la lisière. C’est à la corne du bois, quand le chemin oblique à gauche, qu’on découvre Vézelay. A partir de là on aura presque toujours la Madeleine devant les yeux. Le sentier longe une coupe, traverse un bosquet de pins et débouche sur une vigne. Il faut la longer sur toute sa longueur et prendre le chemin qui part franchement à gauche. Auparavant, on aura fait quelques mètres en suivant la pente. On aura alors devant soi un spectacle qui résumera d’autant mieux l’art de vivre bourguignon qu’on aura a pris soin de s’équiper d’un thermos rempli d’un chardonnay à sa juste température et d’un peu de jambon du Morvan ou de quelques rondelles d’un saucisson de même provenance. Les deux petites heures de marche qui viennent de s’écouler vous
Le chemin plonge résolument vers la vallée et ramène à Nanchèvre où un écriteau avertit charitablement le passant que l’eau de la source qui se déverse dans le lavoir n’est pas potable. Le GR fait un nouveau pas de côté sur la gauche et traverse les champs du Bec d’Oie et de Neuillot où des troupeaux de charolais mûrissent dans l’herbe du Morvan.
Privilège du piéton, il gravit la colline par un itinéraire inaccessible à la foule des touristes motorisés. Pour cela, après avoir marché une bonne centaine de mètres sur la D 951 en direction du Nord et de Blannay, il prend sur sa gauche un chemin qui le mène à l’antique fontaine Sainte Madeleine où, jadis, les pèlerins se lavaient de leur crasse et de leurs péchés. Après quoi il ne lui reste plus qu’à suivre la pente dans le sens montant. Encore une vigne à longer et une route à traverser et, sur la gauche, s’ouvre un sentier de rêve. Entre murets, buissons, portes définitivement fermées sur des jardinets abandonnés et, encore, quelques pieds de vigne, il conduit sous les remparts de Vézelay. Une cinquantaine de mètres plus loin, un enchaînement d’escaliers, de ruelles et de venelles, parfois plantées de roses trémières, conduit à la basilique sur laquelle on débouche sans presque s’y attendre.
…et l’on sent en rentrant, avec grand appétit, du bas de l’escalier, - le dindon qui rôtit. Et que ce dindon ne soit qu’un poulet ne changera rien au plaisir que son odeur vous promet.
(à suivre)