Et Stig Dagerman affirme une exigence de liberté. « Mais la liberté commence par l’esclavage et la souveraineté par la dépendance ». Et cette quête de la liberté qui l’obsède dans ce texte le conduit à refuser l’idée même du temps : « Le temps n’est pas l’étalon qui convient à la vie ».
Le désespoir hante Stig Dagerman ; il sait que « la dépression est une poupée russe et, dans la dernière poupée, se trouvent un couteau, une lame de rasoir, un poison, une eau profonde et un saut dans un grand trou ». Il oppose à cette dépression sa propre puissance : « Et mon pouvoir est redoutable tant que je puis opposer la force de mes mots à celle du monde ».
Et c’est alors qu’il écrit : « aucune hache ne peut avoir de prise sur le silence vivant ». Ainsi, lui qui cherche « une raison de vivre », lui qui a traversé quelques années de ce siècle, le XXe, celles qui l’ont vu épouser en 1943 une femme allemande sans doute pour qu’elle puisse rester en Suède, lui qui a rendu compte pour le journal qui l’y avait envoyé de la situation de misère de l’Allemagne au sortir de la guerre et du nazisme, lui qui a connu les succès littéraires, il choisit le silence, il n’écrit plus. Ce texte est publié en 1952. Stig Dagerman se suicide en 1954, âgé de 31 ans.
Son texte est vertigineux.