Rencontre avec K. Goldstein, créateur de Showtime Folks au Point Éphémère

Rencontrer K. Goldstein, c'est comme se retrouver immergé dans un océan de douceur. Lauréat de la Bourse Paris Jeune Talent, ce danseur à la voie posée est entré en résidence au Point Éphémère pour la création d'une pièce qui mélange danse, vidéo et chant. En guest star, la jeune prodige du piano Chat, qui avait séduit avec son album Folie Douce. J'ai retrouvé K. et ses partenaires de la compagnie KeatBeck sous une pluie battante de Novembre dans la salle du Point Éphémère. Showtime Folks !

Quel est le principe de Showtime Folks ?
K. : On essaye de raconter une histoire en métissant différents arts : la danse, la musique live, le chant et la vidéo, pour voir un peu où cela peut nous mener et voir quelles émotions et quelles sensations peuvent être créées pour le spectateur. On est parti pour cela du prétexte d’une histoire du sosie de Michael Jackson. Ce sosie entre chaque spectacle fait 20 minutes de pause. Ce sont ces 20 minutes qu’on fait découvrir aux spectateurs, 20 minutes pendant lesquelles il rentre en introspection et où sa conscience prend une telle place qu’il essaye de comprendre pourquoi il en est arrivé là, par quel chemin il est passé. Au cours de sa réflexion, il comprend que ce n’est pas forcément son aboutissement le plus heureux et qu’il peut arriver à faire autre chose.
Quels artistes travaillent avec toi sur ce projet ?
K. : J’ai le grand plaisir de travailler avec Chat et Pierre Juarez pour le son, Judith Grynszpan travaille sur la vidéo et la mise en scène, Solène Bossu travaille sur la chorégraphie.
Comment en êtes vous venu à travailler ensemble ?
K. : On a toujours voulu créer quelque chose, c’est l’aboutissement d’un long parcours que nous avons fait ensemble depuis l'école primaire. Chat est arrivée avec l'aide de Matthieu Chedid après le désistement de notre musicien.
Comment la vidéo sera intégrée au spectacle ?
Judith : Ce seront des images projetées sur l’espace de représentation avec un logiciel de vjing. Je travaille la vidéo comme un personnage qui serait un peu le petit bonhomme sur l’épaule du danseur. Il est là pour titiller sa conscience. Le plus important pour moi est l’interaction entre le personnage en vidéo et le personnage du danseur qui est le sosie.
K. : Ce personnage le possède un peu, il y a une sorte de quête d’identité. Au final, ce sont des questions qu’on se pose souvent dans cette société où il est très difficile d’être novateur. Tout va vite, un plaisir dure 5 minutes, il doit être consommé rapidement, on parle un peu de ces questions là. Il y a actuellement 15 shows sur Michael Jackson, les gens ne se posent plus vraiment la question de savoir pourquoi ils aiment Michael Jackson…
Mais n’est ce pas justement surfer sur la vague que d’utiliser Michael Jackson ?
K. : On veut utiliser les codes pour mieux les détourner. C’est vraiment un prétexte Michael Jackson. Il y a quelques clés qu’on retrouve un peu dans l’écriture musicale ou la narration, mais on ne le retrouve pas du tout dans la danse. C’est une porte d’entrée qui nous aide pour l’écriture. C’est surtout le personnage du sosie qui nous intéresse.
Judith : On veut rendre le spectacle le plus universel possible. Une quête d’identité, on en a tous. On s’identifie tous à quelqu’un à un moment donné et à un moment on essaye de s’en détacher. L’important est de comprendre pourquoi et comment.
Comment va intervenir Chat sur le spectacle ?
Judith : On travaillait au début avec un musicien qui s’est désisté, ce qui nous a obligé à complètement revoir la musique. On s’est imaginé travailler uniquement sur du bruitage, un bruit qui serait le résultat du frottement entre le personnage en vidéo et le personnage du danseur. Un bruit fait de tous ces heurts. Là, on a trouvé Chat qui va nous faire quelque chose de vraiment musical mais on aurait pu partir sur une idée beaucoup plus sonore.
K. : On va justement jouer sur ces 2 pôles, le personnage et le sosie. On part de la dissonance pour aller vers l’harmonie et Chat va travailler beaucoup là-dessus. A la fin le personnage retrouve sa musique intérieure.
Vous tournez également un documentaire sur la création du spectacle ?
K. : C’est un documentaire sur la première création de cette compagnie KeatBeck. Jotie revient directement de Los Angeles où elle a travaillé sur des émissions de téléréalité. L’important dans le documentaire n’est pas le spectacle, mais le processus de création. On filme le work in progress. Il faut imaginer qu’il ne se passe parfois pas forcément grand-chose, mais c’est important tous les jours d’être ensemble et de travailler. On a eu un mois pour créer un spectacle à partir de zéro, c’est une belle aventure.
SHOWTIME FOLKS
Au Point Ephemere le vendredi 26 et 27 novembre
Quai de Valmy, Paris 10e
Entrée gratuite sur réservation au 01 40 34 02 48
Plus d'infos: www.pointephemere.org