Encore une imposture du Fooding, avec un prix attribué à un restaurant pas encore ouvert : le Dauphin, d’Inaki Aizpitarte et Fred Peneau!

Très bon article de mon camarade Mix La Malice (je dis camarade parce que nous avons préparé les concours aux grandes écoles scientifiques à la même époque, au Lycée Masséna, à Nice, joué au football et fait de la musique ensemble) sur le Fooding qui, comme un parti d’opposition en politique, se définit très souvent par rapport au Michelin (avez-vous remarqué que leur charte graphique a évolué? ils sont moins « rouge » depuis quelques temps). S’il est vrai que pour Paris leur réseau leur permet d’être à l’affut de la plupart des nouveautés, leurs différents biais et leur approche « copainomie » leur enlève pas mal de crédibilité. Pour moi, c’est devenu des pages jaunes spécialisées relativement à jour (i.e. très utile pour chercher une adresse, mais dont l’avis et le jugement ne suffisent pas à me convaincre), bref, pas un guide.

Pourtant, ils font de gros efforts pour intégrer l’establishment, apparaitre comme le mouvement qui compte. Ils ont un côté wannabe célébrités, pseudo people parisiens (ou copains, copines?) dans la rubrique « leurs restos préférés » . Malgré toute la sympathie que j’ai pour eux, il ne me viendrait jamais à l’esprit de suivre les conseils de Karl Lagerfeld, qui a suivi un régime draconien pour ressembler à un cintre, ou Edouard Baer, qui met son propre restaurant dans ses favoris…

Plus récemment leur cérémonie de remise de prix, avec Arielle Dombasle (que mange-t-elle pour avoir cette ligne?), Frédéric Mitterrand, des tirades peu naturelles sur les vins nature(l)s, m’a fait beaucoup sourire. Je suis sur qu’ils rêvent, un jour, d’une cérémonie diffusée en direct à la TV, à la Victoires de la Musique?

Leur dernier méfait (volontaire?) est d’attribuer un prix à un restaurant qui n’a pas encore ouvert. Le Dauphin (lire Adrian Moore), d’Inaki Aizpitarte, chef adulé du Chateaubriand (renseignez-vous, avant d’y aller, pour savoir si le chef est en forme et s’il n’a pas fait la fête la veille, parce que ça peut parfois décevoir), encore en travaux, a quand même reçu le prix du meilleur décor! Copinage? Provocation? Coup marketing de pacotille pour faire parler d’eux? Foutage de gueule?

L’excellent Bruno Verjus, toujours prêt à tirer sur le Michelin (quand ils attribuent des étoiles à une adresse qui n’a pas encore rouvert, ou dont le chef vient de partir), n’y voit rien à redire. Il filme même la nouvelle adresse (au succès déjà garanti, bien sur!). Rien ne vaut le référencement croisé. OMA, le cabinet d’architecte de Rem Koolhaas (on prononce Ko-ol ha-as et pas coulassse, de même que l’on prononce Ro-osevelt et pas Rousevelt) , s’en félicite sans s’offusquer (et avec des coquilles : le chef Fred Peneau?). Bravo le name dropping, mais je doute que Rem Koolhass ait fait autre chose que prêter son nom prestigieux (et encaisser une partie du chèque). C’est probablement Clément Blanchet-Arnault, un collaborateur, relativement jeune ( « associate » ), du grand architecte, qui a effectivement contribué à ce projet, pour l’instant inachevé. Quel culot d’aller récupérer ce « prix » . Une complicité/complaisance plus que suspecte!

>Les « agitateurs alternatifs » (auto proclamés) du Fooding  semblent en quête de toujours plus d’exposition médiatique, de reconnaissance et de légitimité. Pas forcément de celle du public, mais celle des médias, des prescripteurs et de ceux qui peuvent faire avancer leur cause… Cela permet d’organiser plus facilement des évènements à NY (vs. San Francisco) ou Milan… et de se faire toujours plus de « bons amis » : San Pellegrino, Panna, Veuve Clicquot, Nespresso (what else?), mais, aussi, le lobby laitier français, le CNIEL, capable du meilleur et du pire, ici à travers evviva les fromages,  cheeses of France et parfois le beurre (et l’argent du beurre?)…

PS : Cela me rappelle une autre histoire, avec Pascal Barbot et Lactalis (lire aussi ici). Ils sont vraiment partout!

Rédigé par chrisos