Les gens de ma génération ont tous ou presque une histoire à raconter sur les Cure. Parce que c'est l'un des rares groupes de cette époque à avoir connu à la fois le succès commercial et critique. Même si certains diront que leur meilleure période s'arrêtent dès 1985 - et j'aurais d'ailleurs tendance à partager cet avis, tant pis pour "Disintegration" dont une nouvelle réédition vient de sortir, trop pompeux (pompier?) - c'est-à-dire à partir du moment où ils connaîtront une vraie reconnaissance internationale avec les toujours excellents classiques que sont "In Between Days" et "Close To Me". Car, avant cela, le groupe de Robert Smith aura surtout des fans "underground" d'abord punk puis progressivement gothique, au fur et à mesure que leur musique deviendra sombre et même carrément désespérée ("It doesn't matter if we all die" dira Smith au tout début du mythique disque "Pornography"). Cette mutation en machine commerciale s'opérera d'ailleurs en même temps que le changement de look du chanteur avec longs cheveux hirsutes, maquillages grossiers et énormes baskets pas lassées aux pieds. Si, ce que j'aime avant tout chez ce groupe, ce sont les singles, souvent mémorables, surtout jusqu'en 1985 donc où la liste est très longue, il y a pourtant un disque qui m'a marqué : "Seventeen Seconds". Pour cette musique au ralenti. Pour ce son unique - même si de plus en plus recopié, dernièrement par The XX - : les guitares cristallines, la basse sourde, la batterie synthétique typiquement new-wave et la voix de Smith qui chante des paroles romantiques et mélancoliques qui toucheront toute une génération. C'est peut-être là le tournant de la carrière du groupe. Là, où ils ont défini leur style et trouver leur but, donnant au passage un sens à leur nom : guérir les maux. Ce qui est le but de toute musique importante. Clip de "Play For Today" :