La France qui s'efface

Publié le 22 novembre 2010 par Gommette1

« Une bataille des idées, des images, des savoirs se joue à l’échelle mondiale », déclarait Bernard Kouchner, Ministre (enfin ex-ministre) des Affaires étrangères et européennes dans le Journal des Arts du 19 novembre. Dans une longue interview, il a évoqué la grande réforme de la diplomatie culturelle enfin sur les rails après trois ans et demi de batailles corporatisme et un projet largement mutilé par des conflits d’intérêts dont les politiciens français ont le secret.

Donc, au début de l’année prochaine, « CulturesFrance » va disparaître au profit du nouvel « Institut Français » qui va servir de marque globale et va mettre sous sa coupe 154 Services de coopération et d’actions culturelles et 144 centres et instituts culturels, tout ça géré par le Quai d’Orsay et la Rue de Valois. Or, le ministère des affaires étrangères et celui de la culture n’ont pas les mêmes points de vue quant au rayonnement de la culture française. Résultat, l’unification nécessaire et la mutualisation des moyens n’est pas pour demain. Ce qui n’est pas sans conséquence sur la promotion de la France, de sa langue, de ses arts, de sa philosophie de vie… En ces temps de changement géopolitique capital, il faudrait au contraire investir davantage dans ces domaines et faire front commun pour lutter contre l’inéluctable effacement de l’Hexagone. Ce qui est déjà le cas sur le plan économique et politique…

Pour autant notre pays et plus particulièrement Paris accueillent le plus grand nombre d’instituts culturels étrangers. Pas moins de 46 établissements promeuvent leurs richesses culturelles et on choisit notre territoire jugé fertile pour l’intelligence. Un enjeu éminemment politique pour tous ces pays convaincus de l’importance du rayonnement culturel. Même les Chinois, décidés à se montrer sous un jour policé et à gommer leur travers archéo-communistes, ont créé leur premier centre culturel dans un pays occidental en 2002, et ils ont donc choisi Paris.

Nous pouvons nous réjouir de cette attractivité, preuve que nous sommes encore le pays des droits de l’homme civilisé et cultivé. Alors, il est vraiment dommage que l’inverse ne soit pas vrai et que notre pays ne soit pas mieux représenté comme le font d'autres Etats : le British Council de Grande-Bretagne ou le Goethe Institut d’Allemagne essaiment à tout vent et ont compris l’enjeu mondial de la bataille des idées, des images et des savoirs... 


On notera la pauvreté graphique du logo de la nouvelle institution, certes plus lisible que l’ancien établissement qui affichait pourtant le charme français un rien bordélique.