Le prix de l'essence à la pompe ne cesse d'augmenter, le salaire, les éventuelles aides, non. L'association des familles de France se plaint que les familles nombreuses (mais pas n'importe lesquelles) ont des difficultés pour leur budget carburant car elles utilisent des monospaces souvent gourmands en énergie. Elle demande que cette dépense supplémentaire soit prise en charge par les caisses d'allocations familiales. Entre parenthèses, cette association n'est pas vraiment représentative des familles nombreuses, surtout celles en situation de précarité; elle représente plutôt une bourgeoisie conservatrice et catholique : "travail-famille-patrie", on connait la chanson.
Que dire alors quand on est un conducteur handicapé qui n'a que sa voiture comme moyen de transport. En région parisienne, les banlieusards rament, les voyageurs à mobilité réduite restent souvent sur le bord du quai. Un exemple dans le "neuf cube" : la gare de Bondy est inaccessible aux fauteuils roulants, le RER E est accessible. Comment faire pour monter dedans? Expliquez-moi ça Sarko ou Huchon (au choix)? Certes, Paris et sa petite couronne disposent d'un service de transport adapté, le PAM, mais il ne peut assurer que des déplacements occasionnels. Sans doute suffisent-ils à la majorité des personnes handicapées si on part du principe qu'elles ne travaillent pas, qu'elles ont le temps d'attendre, qu'elles sont silencieuses et soumises. Ce qui est loin d'être le cas!
Donc, pour se déplacer, notamment pour les trajets professionnels quotidiens, il faut une voiture adaptée à son handicap. Les équipements sont très onéreux - parce que faits "sur mesure" - et les aides éventuelles ne couvrent que le budget "aménagement", pas l'achat du véhicule (on en a déjà parlé). Souvent, au fil du temps, le handicap évolue. Hier encore, on se déplaçait avec deux cannes jusqu'à sa voiture, aujourd'hui il est nécessaire d'embarquer son fauteuil électrique dedans. De ce fait, seules certaines voitures sont aménageables, pas les bas de gamme bien sûr, celles qui ont une hauteur suffisante, une boîte automatique, des portes latérales électriques : Chrysler Voyager, Renault Espace, etc. Par exemple, dans une Chrysler Voyager, pour qu'un fauteuil électrique puisse accéder par la porte latérale jusqu'à la place du conducteur, il est nécessaire de décoffrer le bas de caisse et de retirer trois sièges! En Hollande, il existe un modèle de Kangoo équipée mais il n'a jamais réussi à être homologué à l'étranger, sans doute pour des raisons de sécurité, de normes européennes et d'accords commerciaux avec le constructeur.
Tout cela demande du temps, de l'énergie, de l'argent, beaucoup d'argent. Il serait donc normal que les conducteurs handicapés soient davantage pris en compte dans leur spécificité, en particulier que les plans de restriction de la circulation dans les grandes villes - Paris, entre autre - ne les empêchent pas de circuler. En effet, ils n'ont pas d'autre choix que d'opter pour un véhicule pas très écolo pour la planète. L'idéal serait une voiture électrique ou utilisant un moteur à air comprimé : un brevet français qui a trouvé preneur en Inde! Peut-être que l'industriel indien Tata nous sauvera des péages urbains et des voies réservées aux bus!
Philippe Barraqué
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