Une semaine de films coréens, 17 longs-métrages et neuf courts-métrages, ça épuise. Et ça fait prendre du retard sur le reste de la production cinématographique sortant officiellement en salles. Me voilà donc à courir les cinémas pour attraper ces films que je ne voudrais voir m’échapper. La liste est longue, décourageante à étaler, et nul doute que je ne parviendrai pas à voir tout ce qui m’intéresse. Mais ça ne coûte rien d’essayer.
Ce week-end, j’ai donc enchaîné les films. Certes je n’ai pas encore réussi à caser Biutiful, Le braqueur ou Fair Game, mais chaque chose en son temps. Une des priorités se nommait La Princesse de Montpensier, et celui-ci, je peux désormais le rayer de ma liste. Le nouveau Bertrand Tavernier, passé par la compétition du dernier Festival de Cannes, s’est enfin glissé sous mes yeux. Cette histoire d’amours et de guerres de religion au 16ème siècle, adapté d’une œuvre de Mme de Lafayette, semble grandement divisé ses spectateurs, qu’ils soient journalistes ou pas. Lorsque le générique a commencé à défiler après près de deux heures et vingt minutes de film, les spectateurs remuant et se levant ne semblaient pas mécontent de voir les choses se clore.
« Oh c’était long quand même ». « Oh il aurait pu couper certaines scènes quand même ». « Oh c’était pas génial quand même ». Les intrigues amoureuses autour de la Princesse de Montpensier et le désir qu’elle suscite auprès de son époux le Prince, du Comte de Chabannes, du Duc de Guise ou du royal Duc d’Anjou, semblent susciter beaucoup de « quand même » auprès du public. Pourtant pour ma part je me placerai volontiers dans le camp des charmés qui ont trouvé dans le film en costumes de Tavernier une fraîcheur, un rythme et une modernité qui le rendent tout à fait pertinent. Les amateurs d’Histoire et des intrigues à la cour des Valois seront peut-être déçus de trouver un film qui fait plus la part belle aux intrigues amoureuses, mais il faut reconnaître que Tavernier trouve un équilibre remarquable entre un cadre historique joliment restitué, celui des guerres religieuses entre catholiques et protestants, et un regard tranchant et passionné sur les enjeux romantiques de l’époque.
Certes Grégoire Leprince-Ringuet peine à s’installer dans le ton du film, mais il a face à lui des comédiens qui parviennent à faire coexister le classicisme du cadre et le virevoltant moderne des personnages, notamment Raphaël Personnaz qui compose avec distinction et aisance un Duc d’Anjou intriguant.
A côté des ducs, princes et princesses de Tavernier, le reste de mes films du moment avaient un net accent américain. Il y eut notamment les Scott, oncle et neveu. Si Ridley, avec son Alien, son Blade Runner, ses Thelma et Louise ou son récent Robin des Bois est le plus célèbre et respecté de la famille, il a un frère qui n’est plus à présenter et un fils qui monte. Ce dernier se prénomme Jake qui, après un premier film qui semble avoir été réalisé il y a une éternité (l’étrange Guns 1748), revient au long-métrage avec un délicat film sur un homme d’affaires se prenant d’affection pour une stripteaseuse de 16 ans lui rappelant sa fille décédée quelques années plus tôt. L’effeuilleuse entreprenante en question est campée par une Kristen Stewart que ne reconnaitront pas les fans de Twilight (ouf). Mais c’est surtout James Gandolfini en père qui se trouve une fille de substitution et cette Nouvelle-Orléans qui sert de cadre au film qui attirent et donnent du cachet à Welcome to the Rileys. L’ancien Tony Soprano est décidément de ces acteurs que le cinéma ferait bien d’utiliser comme il se doit.
Gandolfini a par ailleurs déjà tourné avec le tonton de Jake, Tony Scott. C’était dans ce qui s’est avéré un des rares bons films du monsieur, USS Alabama, dans lequel Tony dirigeait pour la première fois Denzel Washington, devenu depuis son acteur fétiche. Quelques heures après avoir vu le film du neveu Jake, j’ai donc vu le nouveau blockbuster de tonton Tony, Unstoppable, son cinquième avec l’ami Denzel après le déjà nommé USS Alabama, Man on Fire, Déjà vu, et L’attaque du train 1 2 3. Tonton Tony et moi, c’est loin d’être une histoire d’amour. L’ancien réalisateur de pubs n’est jamais parvenu à se défaire de ses tics publicitaires et n’a jamais compris que réaliser une pub et réaliser un long-métrage de cinéma n’était pas exactement la même chose, et cela a en général le don de m’énerver. Et saute une nouvelle fois aux yeux avec Unstoppable, ou le combat de deux employés du chemin de fer tentant d’arrêter un train fou sans conducteur fonçant à travers la Pennsylvanie avec une cargaison de produits qui pourraient faire exploser une ville entière.
L’avantage d’un film comme celui-ci, c’est que la réalisation épileptique de Tonton Tony colle mieux au sujet que lorsque qu’il s’essaie au drame vengeur (Man on Fire) ou au film d’espionnage (Spy Game). Du coup, ça passe, et le film se regarde avec plaisir, sans autre promesse qu’une virée hollywoodienne sous adrénaline. J’ai compris depuis longtemps qu’on ne pouvait espérer guère mieux de Tonton Tony, je m’en contente donc avec joie.
Il est également question de famille dans mon dernier film de rattrapage du week-end, La famille Jones. Mais celle-ci sent tout de suite le chiqué. Dès cette première scène où l’on voit David Duchovny (qui se bonifie avec l’âge), Demi Moore (toujours aussi désirable 20 ans après) et leurs deux grands enfants (dont Amber Heard, la fameuse Mandy Lane), tous ensembles en voiture se dirigeant vers leur nouvelle ville, cette famille là sent le coup fourré. Qui sont-ils, ces Jones ? Seraient-ils des arnaqueurs venus dépouiller d’une quelconque manière les habitants crédules d’une riche petite ville ? C’est bien plus compliqué et intéressant que cela. Ils viennent exposer un bonheur et un confort simulés pour pousser leurs nouveaux voisins à la surconsommation. Madame vend de façon subliminale ses fringues et parfums, monsieur son équipement de golf, fiston ses consoles et la petite dernière son foulard sexy.
La famille Jones, un premier film, étonne pour le moins et fonctionne bien, jouant à fond la carte de la comédie entre le jeu de séduction entre les faux époux, la vraie nymphomanie de la fille, et ces voisins gentiment beaufs interprétés par l’inénarrable Gary Cole et la trop rare Glenne Headly (sérieusement, depuis quand ne l’avait-on pas vu ?!). Le film vire un peu maladroitement au drame dans son dernier acte, mais par là même fait passer un message anticonsumériste et anticapitaliste pour le moins étonnant dans le paysage cinématographique du pays de l’Oncle Sam. Et ça on ne peut que le saluer.Allez, c’était pas mal tout ça, mais j’ai toujours du retard à rattraper… j’y retourne !