"Ca fait six mois qu'il y a une sale ambiance. Tout le monde flippe. Ca gueule à tous les étages", confiait il y a peu au Pirate un technicien de RFO. Rebaptisée "Réunion première". Cause de ce remue-ménage : le passage à la TNT, qui va permettre aux Réunionnais de regarder les chaînes nationales, enfin, sans passer par le filtre du Barachois. Qui, déshabillé de ses émissions des chaînes publiques métropolitaines, systématiquement diffusées avec une semaine de retard ("On n'est pas couchés") dans le meilleur des cas, un mois dans le pire ("Plus belle la vie"), va se retrouver tout nu.
Heureusement, RFO -oui, le temps qu'on s'habitue, on va continuer à dire RFO- a reçu une poignée de millions d'euros pour combler les trous, soit les deux-tiers de la programmation.
Et comment on va les dépenser, ces sous, et combler ces trous ? Facile : en achetant. Des programmes de qualité, dignes du service public ? Bah non, ce serait idiot. Benoît Saudeau, patron de la chaîne, annonce fièrement l'arrivée prochaine d'une nouvelle telenovela, ces sous-séries fabriquées à la chaîne au Brésil ou au Mexique, et de trois séries américaines. Ce qui fait dire à la CGT que Réunion première est "la première télé brésilienne". Avec un effectif pléthorique (229 équivalents temps plein, dont cinquante journalistes sur-rémunérés de 73% par rapport à leurs collègues de France ), la chaîne publique locale n'a jamais réussi à faire... de la télé publique de qualité. Sans même parler des "planqués" de Paris (comme les nomment les salariés locaux), qui n'ont jamais produit un reportage pour les JT réunionnais. Il y a des Réunionnais à Paris pourtant, non ? De son côté, Antenne, qui caracole en tête de l'audience, en attendant le verdict de la TNT, envisage de mieux s'implanter en métropole. Mais faut pas dire de mal de RFO. RFO n'existe plus. Désormais, vous pourrez moukater "Réunion première".
F.G.