My Joy de Sergueï Loznitsa

Par Kilucru

Selection officielle Cannes 2010 My Joy (Schastye moyo, Russie, Ukraine, Allemagne, 2010)
 Réalisation &  Scénario de Sergueï Loznitsa Avec Viktor Nemets (Georgy), Maria Versami (la bohémienne), Vladimir Golovine (le vieil homme)...
SynopsisUn jeune camionneur se perd dans la campagne russe. Il croise un vétéran malheureux, une prostituée mineure, une étrange bohémienne, des policiers corrompus... Plus il tente de retrouver le chemin vers la civilisation, plus il découvre que la force et l’instinct de survie ont remplacé toute forme d’humanité.°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°My Joy
Une séquence d’ouverture aussi troublante qu’inexpliquée, un corps réduit à l’oubli sous une chape de béton…Ici,  ou ailleurs, dans le même temps ou pas, peu importe ne pas s’attacher à un fil par trop conducteur, juste se laisser porter, par cette histoire et la foule de saynètes qu’elle inspire, qu’elle aspire dans son sillage.
Dans une contrée qui fleure les chemins de l’est, un vieil homme surgit de nulle part, une histoire invraisemblable du juste après guerre, une déviation qui  étire le chemin, des rencontres improbables, où alors juste à la limite du probable( là réside la force de ce récit, de ces récits ), des flics, douaniers étranges et ripoux jusqu’à l’inquiétante absurdité, une gamine à peine formée qui déjà monnaye ses charmes le long d’une route où l’ infini semble s’éterniser, une déviation à travers les petits chemins, propices à de désagréables rencontres.

Dans cette campagne inquiétante, où semble régner une population éparse et agressive, quasi déshumanisée Georgy et son camion vont de surprises en mauvaises rencontres, allant jusqu’à y perdre son esprit et son âme, pourra-il revenir sur ses pas comme le lui dicte son instinct ?
Ode nihiliste face à un régime où flics, militaires baignent dans la plus totale corruption, pourris jusqu’à la moelle, démunis de toute notion de bien et de mal. Là où seul un vieil homme prend soin de son prochain et où les aides diverses ne sont jamais tout à fait désintéressées.
Venu du documentaire, Sergueï Loznitsa réalise sa première fiction et il frappe fort, très fort, la caméra s’attachant  plus à ce qu’elle (voit) filme qu’à un script qui lui serait trop  rigide. Ainsi les multiples points de vue offerts, les histoires se croisant, finissent ils par former un tout, efficace et foudroyant jusqu’aux dernières images…Saisissant !
CritiKat.Com "...Il y a dans My Joy cette belle réflexivité sur le cinéma, le film pouvant être vu comme le manifeste d’un cinéma conçu en art de transmission des récits populaires, fait pour collecter les histoires des silencieux et les transfigurer en légendes..." & "...La fin du film de Loznitsa est ainsi à la fois extraordinaire de perversité dans sa manière de boucler un trajet qui n’était qu’un surplace et agaçante parce qu’elle ne laisse aucune porte de sortie, ni aux personnages, ni au spectateur. .."
Ecrans from Libération.Fr - L’hymne à « My Joy » par Gérard Lefort
Le Monde.Fr - "My Joy" : road-movie, amour et kalachnikov 
"Je voulais faire un film d'amour, mais comme ça arrive fréquemment avec les Russes, quel que soit votre projet, vous finissez avec une kalachnikov." Sergueï Loznitsa
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