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Paso Doble n°188 : Grande alliance strikes back

Publié le 21 novembre 2010 par Toreador

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Par Toréador | novembre 21, 2010

A las cinco de la manana…

Spirit of Casablanca

65 ans après les premières frictions de Yalta, le Sommet de Lisbonne a fait un pas vers la reconstitution de la Grande Alliance forgée pendant la lutte contre le nazisme, à Casablanca, entre la Russie, l'Europe et les Etats-Unis. Au coeur de ce rapprochement, une inflexion sur le sujet du bouclier anti-missiles.

Historiquement lancé par Ronald Reagan sous le sobriquet de "Guerre des étoiles", le bouclier anti-missiles est un concept qui a dans son ADN une forte logique de Guerre froide, puisqu'il avait été pensé pour protéger les Etats-Unis d'une attaque soviétique. Actionné, il aurait mis à bas les principes de l'équilibre par la terreur nucléaire.

Malgré la chute du communisme, les présidents américains successifs ont maintenu le projet, maintes fois remanié, jusqu'à arriver à un format beaucoup plus modeste. Mais les Russes s'en sont toujours (à raison) beaucoup méfié, considérant qu'on ne pouvait pas d'un coté proclamer la fin de l'affrontement Est/Ouest, et de l'autre démarcher des anciens satellites soviétiques pour leur proposer d'implanter un système capable d'intercepter des attaques tactiques russes. D'ailleurs, Georges Bush a obtenu, grâce à son bouclier, la mort du traité ABM de 1972 qui justement limitait la construction de systèmes de défense entre les 2 super-Grands.

En choisissant d'intégrer la Russie à la réflexion de l'OTAN, l'Amérique d'Obama a changé son fusil d'épaule. Le bouclier apparaît comme un système orienté vers d'autres adversaires que l'ex-URSS, notamment des Etats "fous" qui se doteraient de l'arme. Au hasard, l'Iran.

Le Grand Jeu

Le choix d'une "Grande alliance" Etats-Unis/Europe/Russie est stratégique car il permet d'équilibrer la montée de la Chine, laquelle pourrait s'accompagner d'une satellisation de la Russie via l'Organisation de Coopération de Shangaï (l'OCS regroupe la Chine, la Russie et certains pays d'Asie centrale).

Derrière le sujet militaire, c'est l'avenir de la géoéconomie des ressources qui est en jeu. La Russie et ses énormes gisements de gaz et de pétrole est un acteur clé pour l'Europe, très dépendante, et la Chine, laquelle en a besoin pour croître. Le Grand Jeu – cet affrontement à la fin du XIXème siècle entre la Russie et la Grande Bretagne pour la main-mise sur l'Asie centrale – s'est réactivé, avec de nouveaux acteurs.

Contrôler les réserves fossiles, c'est maîtriser le développement de ceux qui en dépendent. La Russie exangue démographiquement n'a aucune envie de devenir le nouveau mandchoukouo de Pékin, d'autant que la Chine a l'ambition d'étendre sa domination en Asie Centrale (projet de train transsasiatique, oléoducs et gazoducs) et en Afrique (minerais et débouchés commerciaux). Il n'est donc pas illogique que la Russie s'associe à l'OTAN pour équilibrer l'Ogre Chinois.

Tags: Asie Centrale, Chine, Gaz, géopolitique, grand Jeu, Lisbonne, OCS, Pékin, pétrole, Russie, Sommet de l'OTAN

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