Sixième film de l'intégrale Kurosawa
Subarashiki nichiyôbi (One Wonderful Sunday) (Un merveilleux dimanche) sorti le 25 juin 1947
Comment une telle oeuvre a-t-elle pu rester dans l'ombre si longtemps? De la graine de chef d'oeuvre tout simplement. Un couple d'amoureux, sans le sou, essaie de tirer le meilleur parti de sa sortie hebdomadaire. Kurosawa nous donne une leçon de néo-réalisme. Pendant les deux tiers du film, nous assistons à la pérégrination du couple dans les rues du Tokyo d'après-guerre, à la recherche de petits plaisirs pour combler leur désoeuvrement. Toute la panoplie des émotions traverse, à tour de rôle, chacun des personnages mais on est frappé par l'absence d'actes de tendresse - pas de contacts physiques entre eux (culture japonaise oblige?) sinon, furtivement, à la toute fin de la journée.
Alors que tout le film est criant de réalisme, tout à coup, au deux tiers du film, on se retrouve en studio, dans un décor malhabilement construit, hors de la réalité, dans un univers onirique. On pense tout de suite que le scénariste veut nous dire que le seul exutoire viable à cette vie de couple vouée à l'échec est le rêve, l'espoir dans un futur réparateur mais la symbolique est un peu trop lourde...on patauge carrément dans le mélodrame larmoyant. En anglais, on dit corny, mot qui me fait penser à ces vieilles photos jaunies dont les coins s'arrondissent.
J'aime beaucoup les films tournés dans les zones urbaines. Je suis toujours à l'affût d'éléments à l'arrière-plan qui pourraient faire signe. Exemple intéressant que cette affiche de boutique sur laquelle est écrit "Souvenire"(sic), seul signe de l'occupation américaine de tout le film.