Citoyens !
On avait cru il y a plus de 15 ans que le web serait un gigantesque terrain de jeu libératoire.
Un havre de liberté où par la magie des connexions et des liens ce territoire permettrait de mettre en rapport toutes les conditions de succès afin d’améliorer nos sorts d’humain.
Où la sagesse des foules permettrait de préserver peut être nos futurs en goguette des erreurs du passé.
Ce projet a en partie échoué.
4 points de pessimisme sur le sujet, tous liés à la notion d’historicité :
- l’accès à l’historique des conversations est incroyablement complexe pour le citoyen Lambda. Ici et là des traces de discussion dans les newsgroups des années 90, peut-être, accessibles via des moteurs de recherche. N’empêche qu’on avait oublié dans ces années 90 que le web a d’abord été développé à travers des logiques économiques, pas à travers des logiques vertueuses. Il aurait fallu en avoir, de ces “curators”, à l’époque, afin d’organiser le web. On pourrait rétorquer que les solutions de monitoring existent désormais et permettent d’archiver plus facilement les enseignements. Certes, mais combien de solutions gardent plus de 6 mois de data ? Peu, car cet effort a un coût. Bravo néanmoins au travail des universitaires et passionnés qui tentent cet effort surhumain de construire ces historiques. Des années de perdues, tant pis
- combien d’articles, notamment des professionnels de la presse, “lient” vers des articles du passé ? Combien de médias ont-ils aujourd’hui cette capacité à sortir des dossiers sur le temps long ? Trop peu, sans doute. Il faudrait penser à insérer dans l’organisation des espèces d’êtres dédiés à ces mises en perspective. N’empêche que le business model a d’abord été conçu, à tort, sur la fast-news et l’actualité. Des années de perdues, tant pis
- combien de nouvelles idées sont-elles propulsées sur le devant de la scène ? Cette idée démocratique de mettre en avant ou élire un sujet par hasard et d’en faire un débat massif n’a pas eu lieu. Si dans la vie réelle, on peut encore être tirés au sort pour être juré, et délibérer / influencer sur un sujet de fond, il en va tout autrement sur le web social : rares sont les individus qui parviennent à faire émerger des talents ou des nouvelles idées tout de go. Stratégie des acteurs, quand tu nous tiens. Des années de perdues, tant pis
- combien d’idées iconoclastes ont-elles pu être pérennes, dans les domaines politiques, citoyens ? Combien ont pu passer à travers les mailles des nouvelles “saintetés laïques” -ou non- moralisantes, sous couvert de coolitude ?
Au final, le projet des médias sociaux a en partie échoué; il importe donc de réintroduire les notions de sens et d’objectifs (qu’est-ce que le digital peut nous permettre d’achever dans une stratégie plus globale ?). Afin de ne plus seulement avoir des questionnements du type “à qui profite le crime ?” mais bien “pourquoi communique-t-on ?”.