Le "mur" de Facebook est l'espace commun de co-écriture. Les paramètres de compte permettent de définir qui peut lire quoi. Certains usagers de Facebook se créent un compte et ne prennent aucune attention à ce problème de paramétrage. Après des critiques, Facebook propose un paramétrage à priori plus restrictif, mais les amis de mes amis peuvent ne pas être mes amis, sans compter que sur Facebook, il n'est pas toujours certain que des contacts soient des "amis" - il y a une évidente différence, et l'affaire des licenciés d'Alten en est un nouvel exemple. Car il a bien fallu qu'un "traître" agisse comme tel pour que les échanges privés deviennent publics, pour les dirigeants de l'entreprise et pour nous, in fine. La validation de l'acte d'espionnage est implicite dans la décision du Tribunal des Prud'hommes, mais ne relève pas de ses compétences. Le Tribunal a seulement statué sur la valeur d'usage de ce document, la copie des échanges, et sur la nature des propos. Par la fonction libre d'écriture des commentaires, sur le mur comme pour les photographies ou pour les textes, Facebook est une co-création. La protection de cette co-création se fait attendre - sur le plan des principes de Facebook, des techniques utilisées. En dehors de cet espace, il y a des critiques, légitimes ou non, des entreprises par leurs salariés, fondées ou non, respectueuses ou non, importantes ou non. Les syndicats les relaient, des médias le font aussi, des manifestations également. Ce sont des critiques générales. Elles ne peuvent et ne doivent viser personne en particulier, sauf cas extrêmement grave. Ces critiques peuvent donc s'exprimer aussi sur Facebook. Il y a d'ailleurs des groupes qui rassemblent des usagers dans ce sens. Mais lorsqu'une conversation est privée, COMME L'ENTENDENT SES ENONCIATEURS, le droit doit-il permettre et sous quelles conditions que des propos puissent être utilisées ? Et si les salariés des entreprises doivent avoir des devoirs et les ont déjà, les entreprises aussi doivent en avoir, notamment en s'engageant à ne pas espionner les échanges privés de ses salariés et de ne pas en faire usage publiquement (puisqu'il peut exister, en plus, des faux). Car les salariés, eux, ne se mêlent pas des échanges privés de leurs employeurs où l'on peut penser que ceux-ci se permettent parfois de dire du mal des salariés... On peut penser que dans les coopératives défendues par Arnaud Montebourg, le respect entre salariés et le dirigeant-salarié permet d'éviter ce type de propos et de problème...