Je reviens à Luc Ferry et à son profond « Apprends à vivre ». Que ce soit l’exemple de l’horizon que l’on peut observer par exemple sur un bateau et qui s’impose à nous comme un décor en mouvement, nous ne voyons que les trois faces du cube alors que l’on sait très bien qu’il en a six, qu’il y a autre chose au-delà des apparences. Nous avons accès à une vision limitée des choses, mais notre savoir nous permet d’en voir plus, comme une réalité augmentée. Nous sommes capables d’appréhender des notions qui échappent aux sens humains, mais ces notions sont conceptualisées par nous.
Page 272, « il faut admettre que la connaissance humaine ne saurait jamais accéder à l’omniscience, qu’elle ne peut jamais coïncider avec le point que les chrétiens prêtent à Dieu », mais l’homme a de l’intuition. C’est cette capacité, assimilable à un pari, qui permet de bypasser des calculs importants. L’ordinateur est bien plus puissant que nous en traitement, en stockage, en calculs, mais il n’a pas l’intuition, le guide qui lui permettrait de choisir la direction vers laquelle il doit mener ses processus internes. Peut-être que ces manques sont le résultat des limitations de son créateur ? Toujours est-il que l’homme conceptualise à un niveau tel qu’il a accès à une connaissance qui échappera à tout jamais à une calculatrice. Mon propos est que l’omniscience est du même ordre, c’est une capacité de traitement associée à une infinité de capteurs que l’on pourrait télécharger n’importe où. Toutes ces ressources pour contrebalancer ce que l’homme sait déjà : derrière l’horizon, il y a encore la mer ou la terre, car elle est ronde ; quand on tourne le cube les autres faces échappe à notre regard, mais elles continuent d’exister ; quand je m’endors le monde continue d’exister.
Page 274, « Mais pourquoi ‘dans l’immanence’ ? Tout simplement, parce que, de ce point de vue, les valeurs ne sont plus imposées à nous au nom des arguments d’autorité ni déduites de quelque fiction métaphysique ou théologique. Certes, je découvre et n’invente pas la vérité d’une proposition mathématique… Mais… c’est bel et bien en moi, et nulle part ailleurs qu’elles se dévoilent ». L’astrophysicien découvre l’Univers qui nous entoure et élabore des théories pour exprimer les lois de la physique qui meuvent les objets célestes, mais ces lois, cet Univers, restent pour lui, pour nous, transcendant à l’homme, à l’humanité. D’où le nouvel humanisme que décrit Luc Ferry : « une description brute, une description qui n’apporte pas de préjugés avec elle, une ‘phénoménologie’ de la transcendance telle qu’elle s’est en quelque sorte installée au cœur de ma subjectivité ». Et c’est là que je suis allé plus loin en montrant dans mes notes précédentes que le philosophe, a minima, car cela concerne aussi tout homme qui essaie d’interpréter ce qui nous entoure et ce qui nous constitue, ils doivent penser à revenir en eux-mêmes, pour se débarrasser des scories, et pratiquer une méditation. « Voilà aussi pourquoi la theoria humaniste va s’avérer être par excellence une théorie de la connaissance centrée sur la conscience de soi ou, pour parler le langage de la philosophie contemporaine, sur l’autoréflexion », c’est bien le seul sujet de la philosophie : moi. Je ne suis pas pris par un désir d’égocentrisme, mais pourquoi s’intéresser à la philosophie si c’est à destination d’autrui ? Socrate prodiguait sa sagesse à travers Athènes parce qu’il était sage, le meilleur d’après l’Oracle. Bouddha enseigne une transformation de soi avant de se préoccuper des autres. Jésus nous montre comment vivre de manière exemplaire dans l’amour du prochain. Il est important que nous soyons autant le sujet d’études de nous-mêmes que le terrain d’application, le lieu de pratique. Et, ce n’est pas si facile ! mais c’est indispensable.
3 septembre 2010
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