Voici donc le premier projet à sortir sous la bannière du nouveau label Gibraltar, porté par Abd al Malik puis nourri par la présence de Bi'lin, Wallen, les NAP, Hamcho, Mattéo Falkone et un spécial guest de choix Ali. Il aura fallu attendre la naissance de Béni Snassen pour rendre à la culture du collectif Rap ses lettres de noblesse. La diversité artistique de ses membres rappelle celle des groupes constituant la confédération tribale des Béni Snassen, dans l'oriental marocain; en effet, ce territoire montagneux accueille depuis des siècles des tribus bien distinctes revendiquant pourtant leur unité, n'hésitant pas à exprimer leur désaccord leur résistance toujours avec respect, honneur et bravoure ce qui d'ailleurs valut à un char français de porter le nom de Béni Snassen durant la deuxième guerre mondiale. Tous les artistes du collectif se retrouvent autour de ses valeurs de chevalerie universelle comme autour d'une source intarissable d'inspiration qui nous rappelle à tous, notre soif d'idéal.
Béni Snassen c'est la réconciliation de la forme et du fond, chaque plume et chaque flow, aussi différent qu'ils puissent être les uns des autres, lorsqu'ils se mettent au service de l'un ça n'est jamais au détriment de l'autre. La présence de Renaud Létang (Feist, Gonzales, Katerine), mixeur et arrangeur de l'album est bien la preuve que purisme et ouverture font très bon ménage lorsqu'ils se mettent au seul service de la qualité artistique. Chaque morceau produit par Bilal, dans un souci d'originalité désarmante est un univers nouveau sur lequel chaque artiste exprime le sien, entre spleen et idéal.
Serais-ce le premier album Hip Hop humaniste? L'approche artistique de ces chevaliers des temps modernes ne nous laisse guerre entendre autre chose. C'est une belle histoire qui commence là, le genre de récit épique où ce n'est pas l'issue du combat qui importe mais le combat lui même.