Dans ce musée insolite créé en 1985 à Mexico dans un bâtiment du Ministère de la Défense, le mot cartel ne rime pas seulement avec signalétique.
Objets customisés, pistolets plaqués-or et incrustés de diamants et d’émeraudes, le portrait d'Ignacio "Nacho" Coronel, l’un des trois principaux chefs du plus grand cartel mexicain de la drogue s'affiche désormais dans la galerie des trophées. Le Bling Bling est au rendez-vous et monnaie courante au Narco Museo.
Loin de n’être qu’une caverne d’Ali Baba rassemblant les objets confisqués aux narcotrafiquants lors de leur arrestation souvent musclée, le musée est avant tout un endroit de lutte contre le trafic de drogue, accessible avec autorisation préalable et réservé aux chercheurs, aux spécialistes et aux autorités. Le capitaine Claudio Montane a confié lors d’une récente conférence de presse que « l'objectif de ce musée est totalement didactique, il permet à nos soldats de se donner une idée de la complexité du monde des narcotraficants, pour ensuite aller s'y confronter sur le terrain. »
Le début du parcours a de quoi vous refroidir. La visite commence par la liste des 625 militaires tombés dans la lutte contre le trafic de drogue dans le pays, depuis 1976. C’est ensuite l’usage à travers l’histoire des différentes drogues qui est évoqué de l’Egypte ancienne à aujourd’hui.
Mais le plus impressionnant reste les coûteuses excentricités de la « narco-culture », visibles à travers l’impressionnant arsenal des collections du musée qui s’est enrichi à mesure que l'armée progresse dans sa guerre contre les cartels : « près de 12.000 armes depuis le début de 2010, 48% de plus que pour toute l'année 2009 », a annoncé le général Antonio Erasto Monsivais, commandant des magasins militaires de la Zone 1 de la capitale. "Nous ne gardons [pourtant] que 5% de l'armement saisi, pour l'entraînement et pour le musée. Le reste est détruit immédiatement », souligne-t-il. Colt calibre 38 ou 45, plaqués or, certains sertis de pierres précieuses, d'autres à la crosse gravée des visages de héros révolutionnaires, comme Pancho Villa ou Emiliano Zapata ; un téléphone portable en or 24 carats et incrusté de diamants, ayant appartenu au trafiquant Daniel Perez alias "El Cachetes" (le Joufflu)… Mais le Narco Museo expose aussi des objets insolites qui témoignent que tous les moyens sont bons pour le business : pyjamas anti-balles et blousons blindés, poteries à double fond, peluches, planches de surf et Vierge à l’enfant piégées, animaux disséqués et même quesadillas et tortillas garnies d’une autre sorte !
Le tout contribue à un ensemble détonnant aux côtés des photographies de « transporteurs » humains aux implants chirurgicaux remplis d’héroïne et de l’autel dédié à « Malverde » (le Mal vert), le saint des trafiquants. Frissons dans le dos et regard écarquillé garantis pour le visiteur…
Pour aller plus loin :
Une vidéo de présentation en espagnol : http://www.youtube.com/watch?v=MYvNSSRbDjY&feature=player_embedded#!
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/amerique/un-musee-expose-les-tresors-des-narcos-mexicains_935791.html#xtor=AL-447
http://www.metrofrance.com/info/au-mexique-les-narcos-ont-leur-musee/mijm!KUCofnNFYw2/
A lire aussi sur le blog : Le musée insolite de la semaine : le Musée de la mafia à Salemi en Sicile
Retrouvez tous les musées insolites en suivant ce lien : Le Musée insolite de la semaine