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Pénible...

Publié le 21 novembre 2010 par Ansolo

Les confrontations entre la France et l'Argentine donnent l'étrange impression d'être toutes fabriquées dans le même moule : combat en mêlée et jeu au pied, défenses intraitables et, pour donner un peu de piment, quelques frictions plus ou moins appuyées au gré des circonstances. A Montpellier, hier soir, le jeu n'a pas dérogé à ce schéma bien établi. Mais le qualificatif de « pénible », on serait tenté de ne pas le réserver aux seuls Argentins, toujours remarquables dans l'art de ralentir les sorties de balle, de faire jouer leurs adversaires à un rythme qui les empêchent d'emballer le jeu et à planter, lorsque l'occasion se présente, quelques contres assassins. Pénible, c'est le match qui le fut. Les conditions climatiques, encore une fois, ne contribuèrent pas à la fluidité des passes (on vit souvent les attaques ralenties par les dixièmes de seconde perdues par les attaquants à contrôler le ballon avant de le passer ou de mordre les intervalles) et n'encouragèrent pas les ambitions offensives. Mais ce qui rendit le match aussi terne, c'est tout simplement le niveau du jeu du XV de France Un tel manque de rythme, de la part des Français, une telle incapacité à trouver des solutions aux problèmes de libération du ballon et à trouver des angles de course susceptibles de créer le trouble dans la défense adverse commence à inquiéter. On se doutait un peu que l'équipe ne pourrait pas compter sur des automatismes huilés puisque les sélectionneurs s'ingénient à recomposer les lignes de trois-quarts à chaque match. Pas de surprise, donc. Sauf une, celle de voir attribué à Aurélien Rougerie le « Talent d'or » de la rencontre... On n'accablera pas plus l'Auvergnat que ses coéquipiers, mais faut-il vraiment espérer que le Clermontois parviendra d'ici la Coupe du monde à faire jouer derrière lui, à gérer ses courses pour attendre le soutien au lieu de courir comme un ailier en bout de ligne ou à ne pas rater un plaquage dans des moment clés ? Mettre deux « poids lourds » côte à côte (Yannick Jauzion et Aurélien Rougerie) n'a pas réellement apporté au XV de France la force de pénétration attendue. Quant aux ailiers et à l'arrière, ils ont tenté à quelques rares occasions de remonter le ballon, avec insuccès. C'est sans doute devant que les satisfactions peuvent être trouvées. Mais là encore, pas de surprise. Car en composant un pack expérimenté et équilibré, les sélectionneurs ne pouvaient pas trop se tromper. La mêlée Française fut à son avantage, et rarement on vit le pack Argentin aussi peu à l'aise dans cet exercice. Mais, on l'a encore constaté hier, dominer en mêlée n'est pas une clé absolue de réussite dans le rugby contemporain. Il faut également être irréprochable en touche, ce qui ne fut pas le cas (en particulier après la rentrée de Guilhem Guirado en seconde période) et, surtout, être efficace dans les rucks. Etre efficace, c'est-à-dire permettre au ballon de sortir rapidement. Ce qui ne fut pas le cas hier, même si le talent Argentin en matière de « pourrissement de sorties » est connu. Par manque de soutien et d'automatisme (là encore...), il fut impossible aux attaquants d'enchaîner suffisamment vite le jeu pour provoquer une rupture dans le système défensif argentin. Plus ennuyeux encore, l'entêtement des Français à passer par le sol fit le bonheur des Pumas. Le climat, certes, rendait ce type de jeu plus évident à pratiquer qu'un « jeu debout ». Mais c'est aussi à ce type de comportement qu'on reconnaît une équipe insuffisamment préparée, qui privilégie la « facilité » des petits tas. On en revient donc à ce qui fait le point faible récurrent de la candidature tricolore au trophée William Webb Ellis. L'impréparation du collectif est le produit du calendrier des compétitions qui prive le XV de France d'un travail foncier. Mais c'est aussi la conséquence des choix d'un staff qui préfère élargir son groupe au risque de le priver des occasions, trop rares, de travailler sa cohésion. On ne voudrait pas conclure, cependant, sur une note trop négative. L'équipe de France a remporté son match, ce qui est, face aux Pumas, suffisamment rare pour être souligné. Et elle a, comme lors de son Tournoi 2010, démontré sa force de caractère, sa solidité défensive et sa discipline. C'est important. Mais pas suffisant.


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