Le 19 et 20 novembre se tenait un sommet Otan/Russie à Lisbonne. Pour rappel, l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord avait pour vocation initiale d'assurer la sécurité de l'Occident au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, en prévenant d'éventuels soubresauts d'impérialisme allemand et en luttant contre les ambitions de conquête de l'empire soviétique, militairement organisé dans le cadre du Pacte de Varsovie (merci Wikipedia). Depuis la fin de l'URSS, il est parfois question de l'intégration de la Russie dans l'Otan. Mais un article de Michael Bohm, publié dans The Moscow Times, rappelle les 5 raisons pour lesquelles la Russie ne rentrera jamais dans l'Alliance Atlantique (et que l'ours ne mettra jamais son costume de l'Otan). En voilà une traduction partielle.
L'Otan exige que ces membres aient un contrôle civil et démocratique de leurs forces armées, que leur budget de la défense soit transparent et que des investigations indépendantes soient menées sur les erreurs et les abus militaires. Mais en Russie, selon le journaliste, "le contrôle civile sur le militaire est un anathème des principes de base de la verticale du pouvoir du Premier ministre, Vladimir Poutine. (…) En Russie, un manque de responsabilité publique et parlementaire permet au ministre de la Défense de masquer l'étendue véritable de ses déficiences, erreurs et retards généreux. En outre, une structure militaire fermée permet également que se perpétue la corruption généralisée à tous les niveaux de l'armée."
2- La Russie a besoin de l'Otan comme un "ennemi", non pas comme un partenaire
L'Otan est perçue par les forces conservatrices et nationalistes, qui dominent l'establishment de la défense et la sécurité, comme une alliance intrinsèquement anti-russe. L'Otan est vu comme un outil de l'agression impérialiste des Etats-Unis et de son expansion militaire, un "Léviathan de fer qui écrase toute l'humanité", comme l'a dit Maxime Chevchenko, journaliste à Pervyi Canal.
3 – La Chine
Si la Russie devenait membre de l'Alliance, cette dernière se trouverait alors à la frontière de la Chine (la Russie a une frontière commune de 4.000 km avec la Chine). Cela romprait l'équilibre de la sécurité mondiale tripolaire entre l'OTAN, la Russie et la Chine, qui pourrait voir l'union des deux premiers comme un moyen de la contenir ou de l'affaiblir. Ce qui n'est clairement pas dans l'intérêt de la Russie ou des États-Unis, qui ont tous deux de profonds liens économiques avec la Chine.
4 – L'Organisation du traité de sécurité collective
L'OTCS est une organisation à vocation politico-militaire regroupant la Russie, la Biélorussie, l'Arménie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, l'Ouzbékistan et le Tadjikistan. L'adhésion à l'Otan signifierait donc la fin de l'OTSC et comme le dit Vladimir Rogozine : "Nous pouvons traiter nos problèmes de sécurité de façon indépendante. ... Nous n'avons pas besoin de l'OTAN."
5 – Les ambitions mondiales de la Russie
L'adhésion de la Russie à l'Otan signifierait la fin du rêve de la Russie de rétablir son ancien statut de superpuissance. La Russie deviendrait "juste un autre grand pays européen" au même niveau que l'Allemagne, la Grande-Bretagne ou la France - un "sacrilège" pour les nationalistes, qui se souviennent de l'époque où l'Union soviétique était plus grande et plus puissante que ces trois pays combinés.
Source : The Moscow Times