20 novembre 2010
Eid al Adha, Roch Hachana, Pâques: un homme en commun, Abraham
Ces derniers jours dans mon coin d’Arabie, comme dans beaucoup d’endroits dans le monde, les musulmans ont fêté l’Aïd al Adha ou fête du sacrifice. L’occasion de revenir sur un épisode et une figure commune aux trois principales religions monothéistes : judaïsme, christianisme et islam.
Pour ceux qui auraient oublié l’histoire elle se trouve dans Genèse 2 ou Coran XXXVII - 111: Dieu demande à Abraham de dresser un autel pour faire un sacrifice : son fils. Abraham obéit, mais au dernier moment, Dieu l’arrête et c’est un bélier qui est sacrifié à la place.
Quelle qu soit notre religion, l’histoire peut nous paraitre à tous horrible et insensé. Quel homme, même rempli de foi, irait sacrifier son fils pour Dieu, son unique fils qu’il a d’ailleurs eu tant de mal à avoir ? Sacrifier un enfant ???? Dieu était fou ????
Non Dieu n’était pas fou. Les israélites qui les premiers ont raconté cette histoire d’Abraham vivaient à une époque où les sacrifices des premiers nés étaient encore monnaie courante, afin d’apaiser la colère de dieux païens, ou de leur demander quelque chose. C’est donc bien d’une rupture qu’il s’agit là : le Dieu d’Israël, notre Dieu de chrétiens, de juifs et de musulmans ne demande pas de sang. On ne fait pas plaisir à Dieu en sacrifiant un être humain. En poussant le raisonnement un peu plus loin, on peut même y voir l’interdiction faite par Dieu de porter la main sur un autre être humain en son nom. Dieu amour, Dieu de l’Alliance, Dieu craint, ne peut désirer la mort d’êtres humains. Et il ne s’en réjouit jamais.
L’autre partie de l’histoire qui nous touche tous est cette obéissance d’Abraham à Dieu. Cette confiance absolue. Par cette confiance absolue lors de cette mise à l’épreuve, Abraham devient le symbole de l’Alliance entre Dieu et les hommes, et un modèle de croyant non pas aveugle, mais confiant.
Quand je relis cette histoire aujourd’hui, je suis heureuse de savoir que nous sommes trois religions à nous réunir autour de ce personnage. Parce que quels que soient nos chemins spirituels, Abraham nous apprend encore beaucoup. A quel point sommes-nous capables aujourd’hui d’avoir confiance en Dieu ? A quel point sommes-nous capables de laisser entrer Dieu dans nos vies ? Mais surtout, ce qui m’interpelle aujourd’hui dans l’histoire d’Abraham, c’est qu’à l’heure où dans le monde les chrétiens, les musulmans ou les juifs sont attaqués, tués, chassés, dénigrés pour leur foi, ce Patriarche nous rappelle que jamais jamais jamais jamais jamais jamais jamais jamais jamais jamais jamais jamais jamais jamais jamais jamais jamais jamais jamais jamais jamais jamais jamais jamais jamais jamais jamais jamais jamais Dieu n’a demandé que du sang humain soit versé en son Nom.