Après avoir fait ses premières armes en tant que réalisateur sur le gentil et vite oubliable Banlieue 13, Pierre Morel, protégé de Luc Besson, signait ce Taken, joli succès au box-office 2008, mais bourré de défauts jusqu'à la gueule, le rapprochant par là-même du précédent film de Morel: gentil et vite oubliable.
Le scénario, co-écrit par Luc Besson, raconte l'histoire d'un ancien agent secret (excellent Liam Neeson) qui part à la recherche de sa fille, enlevée lors d'un voyage à Paris avec l'une de ses amies. Le film suivra donc le personnage du père zigouillant tout sur son passage pour récupérer la prunelle de ses yeux, quitte à "raser la tour Eiffel" (réplique à s'uriner dessus tant elle est ridicule). Ce type de punchline passait bien dans les années 80, mais nous sommes en 2010.
Le début du film est lamentable. Non seulement l'exposition des personnages est totalement bâclée (voir pour cela l'épisode des cadeaux, caricature achevée faisant peine à voir), mais le scénario s'offre en outre tout un épisode totalement inutile qui verra papa Neeson jouer au garde du corps pour une star de la chanson. La justification de cette longue séquence, en fin de métrage, s'avérera proprement ridicule. Tout ça pour ça.
En revanche, passée l'ouverture interminable du film (qui ne dure pourtant que 90 minutes), et dès l'arrivée du héros sur le sol parisien, Taken se laisse suivre agréablement, le metteur en scène imprimant un rythme soutenu à son métrage, maintenant intact l'intérêt du spectateur, malgré une réalisation des plus impersonnelles. En effet, en-dehors des scènes de combat à mains nues très réussies et extrêmement sèches (le découpage limpide de ces séquences fait plaisir à voir), Pierre Morel filme son histoire avec des tics visuels insupportables (voir ces flashes et jump cuts plus que fatiguants), et une caméra en mode automatique.
La force du film réside avant tout dans la caractérisation du personnage incarné par Liam Neeson. Sa détermination infaillible et sa propension à tuer froidement tous les bad guys qui se trouvent sur son passage, même après avoir obtenu ce qu'il veut (la séquence de torture est à ce titre significative), inscrit le métrage dans le cadre des vigilante movies, à la manière d'un Justicier dans la ville ou d'un Death sentence. Le père de famille se transforme en machine à tuer, dans une démarche extrêmement cinématographique.
Le film regorge en revanche d'une avalanche de facilités scénaristiques et de coïncidences bien commodes. Ainsi, le père met en garde sa fille contre les dangers du monde, et craint qu'il ne lui arrive malheur. Bingo ! Sa fille se fait enlever à Paris. Un peu plus tard, arrivé dans la capitale, il tombera sur les photos prises par sa fille, dont une sur laquelle cette dernière se fait photographier avec son amie par l'homme qui les a piégées. Re-bingo ! Ce dernier apparait en reflet dans un panneau publicitaire placé face à lui au moment du cliché. Dommage que le sieur Besson n'ait pas fait preuve d'un peu plus de rigueur à l'écriture de son scénario (mais cela fait longtemps que le réalisateur de Léon ne fait plus aucun effort).
Taken s'avère donc plaisant à suivre, plutôt efficace dans sa gestion des scènes d'action, propose un générique final au son de l'excellent groupe Ghinzu,mais pêche par un script trop facile pour être honnête.
Veni, vidi, oubli.