Que penser de la « double évaluation » ?
Le socle commun requiert une évaluation formative qui ne retient que le résultat, c’est à dire l’acquisition, au fil des erreurs et réussites, de la compétence. La note est une évaluation normative, qui permet – de valider une épreuve, et – un classement.
Luc Chatel, prudent ( trop ? ) souhaite , à l ‘école primaire ( qui pourrait pourtant être un lieu , à l’abri de la compétition …), garder cette double évaluation :
« »Il ne faut pas voir la note comme l’échec, comme le rejet, comme la sanction. C’est aussi l’évaluation d’un travail, ça peut être pour l’élève un objectif et ça peut être un projet de progression pour l’élève », a déclaré Luc Chatel. « La note, elle est utile (pour) avoir des repères, (pour) mesurer les résultats des élèves », a-t-il poursuivi. Le ministre a fait valoir que la loi Fillon sur l’école de 2005 avait prévu, à côté de l’actuel système de notation par les enseignants, « une évaluation par connaissances et compétences » acquises ou non par l’élève de 6 à 16 ans, tout au long de sa scolarité obligatoire. Il s’agit de l’acquisition du « socle commun des connaissances et compétences ». « Je pense que nous avons progressé avec cette double évaluation, les notes d’un côté et l’évaluation par compétences d’un autre côté », a tranché Luc Chatel
Note ou validation de compétences ?
Peut-on ‘mixer ‘ les deux systèmes : – genre: ‘chiffrer en pourcentage des acquisitions vers une compétence… ‘ ?
Tel enseignant peut être d’accord avec le « pas de moyenne » autant » pas de pourcentages » peut lui paraître excessif … Par exemple: pour un certain nombre de compétences évaluées par des tâches (qui apparaissent globales et simples dans le socle alors qu’elles sont complexes et diverses – comme par ex, lire un texte de manière expressive etc…), pour un certain nb de tâche donc on peut parfaitement estimer qu’elles sont réussies à 50, 70 ou 100 % ce qui va être un indicateur de validation. C’est important pour l’élève de se situer sur une courbe : est-il près ou loin de cette validation de la compétence ? quels efforts restent-ils à fournir pour réussir totalement ? est-ce possible ? Les pourcentages de réussite (qui reposent sur la réalisation par l’élève d’un certain nombres de critères -ou d’indicateurs-) permet aussi de donner des objectifs précis (en travaillant certains critères) et de mettre en place des remédiations adaptées. …
N’est-il pas sain, enfin, de reconnaître qu’un 5 en français ne peut-être compensé par un 15 en math… ? Et que veut dire, de se comparer à 10, c’est à dire à la ‘moyenne d’une classe’ ?
( En statistique, la moyenne est une mesure centrale d’une distribution pourvu que les données soient homogènes, c’est-à-dire qu’il n’y a pas trop d’écart entre elles. Ce qui est rarement le cas pour les résultats scolaires d’une classe. Souvent,, on obtient un peloton de tête et un peloton de queue. C’est-à-dire une distribution très asymétrique pour laquelle la mesure centrale la plus indiquée, s’il y en a une, serait peut-être le résultat médian. Mais, il faudrait expliquer au parent ce qu’est une médiane! Et surtout réfléchir encore sur cette question.)
Le but recherché n’est-il pas de proposer une évaluation qui respecte vraiment l’élève? Il s’agit de prendre au sérieux l’enfant, sans démagogie…. Ce n’est pas un service à rendre à quelqu’un de lui faire croire qu’il a réussi alors qu’il a échoué. C’est du mépris.
Le cours magistral, ou une conception de l’autorité réduite à « c’est moi qui décide et qui dit » et celle du savoir à « c’est moi qui parle, toi tu écoutes « , ne permet pas l’apprentissage de nombreuses compétences et les rend inévaluables alors qu’elles abordent précisément les exigences que nous avons envers nos élèves : s’organiser, communiquer, savoir vivre en groupe, s’entraider…
Bien sûr ; la connaissance est nécessaire à la compétence. Il n’a donc jamais été question de mettre de côté les connaissances. Ce qui est nécessaire, c’est d’utiliser ces connaissances dans un contexte. C’est aussi de faire des liens, de poser un jugement, de vulgariser, etc. C’est une tâche certes plus complexe, mais qui donne un sens aux apprentissages et qui tend à former des citoyens compétents.
Une note, qui a une fonction sociale de tri, avec pour seule obligation de fournir une note pour un brevet, un Bac… devient un frein à l’apprentissage alors que l’évaluation doit devenir un moteur de l’apprentissage … !
- Ci-dessous, le témoignage d’une collègue enseignante trouvée sur son blog …
« Mon expérience personnelle est qu’en enseignant par compétences :
- les contenus savants n’ont pas baissé du tout ni en qualité, ni en quantité (au contraire…) ;
- les travaux des élèves sont beaucoup moins ennuyeux à corriger (les objectifs sont différents, les travaux variés etc…)
- les cours sont toujours aussi intéressants à préparer.
Je n’ai à déplorer que :
- l’absence totale pour le collège d’outils de gestion de ma pédagogie (évaluation, suivi du travail des élèves) : il faut tout fabriquer soi-même !… et c’est cela qui prend beaucoup de temps et d’énergie. C’est à l’Etat et aux Rectorats de nous fournir les supports, logiciels et cahiers adéquats…
- l’inadéquation matérielle (salles, emplois du temps, matériels informatiques etc…)
- la lenteur qui découle de cette absence de confort matériel, parce que oui, dans ces conditions, c’est difficile de changer ses pratiques ;
- l’absence totale de réflexion concertée sur notre temps de travail qui ne peut pas se répartir de la même manière (18 h devant les élèves et ????) »