Je n'ai pas toujours été d'accord avec Rudolf Bkouche, principalement en ce qui concerne la place des pratiques dites "instrumentées" dans l'enseignement des mathématiques (et ne le suis toujours pas!), qui, de son point de vue, sont un symptôme de la dépendance de l'homme à la machine, alors que pour moi elles relèvent de l'émergence d'un nouveau support plus dynamique que le seul papier, que l'enseignant comme l'élève doivent être en mesure d'utiliser de façon naturelle, avec les avantages mais aussi les limitations associées, qu'il soit de réflexion, de représentation, de délégation, de modélisation/simulation (et c'est nouveau) ou de communication.
Je suis en outre assez admiratif de la clarté des propos de cette conférence, de l'explication des distinctions qui sont faites entre enseignement et formation et le pourquoi de la nécessité de conserver le savoir au centre de l'école, afin de ne pas "rater la cible", afin de ne pas l'oublier comme on est en train de le faire, dans une société qui pourtant se proclame de la "connaissance".
Je reste cependant toujours critique sur la confusion qui est faite à la fin de la conférence entre un asservissement inéluctable de l'homme à la technique, principalement informatique et numérique, et l'émergence de son utilisation émancipatrice, sur la confusion entre enseignement de l'algorithmique et d'informatique. Je comprends le risque qu'il peut y avoir à ce que ce type d'enseignement, pensé au départ comme "théorique général" ne devienne, par facilité, un enseignement "pratique sur un logiciel en particulier", et que cela se termine en apprentissage de ce seul logiciel. Il n'en reste pas moins que le support numérique est devenu incontournable, dans les actes les plus élémentaires et qu'une pratique, si modérée soit-elle, des algorithmes et des codes, me parait plus émancipatrice qu'asservissante.
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