Instructions pour sauver le monde de Rosa Montero
Titre original : Instrucciones para salvar el mundo
Traduit de l'espagnol par Myriam Chirousse
Editions Métailié, 2009 pour la traduction française, 270 pages
Quatrième de couverture :
Quatre personnages plongés dans l'apocalypse de la modernité d'une grande cité vont voir leurs destins se croiser. Un chauffeur de taxi veuf qui ne peut pas se consoler de la mort de sa femme, un médecin sans illusions perdu dans les espaces virtuels de Second Life, une prostituée africaine accrochée à la vie que protège son totem, un petit lézard, et une vieille scientifique alcoolique et pédagogue sont les héros de ce conte philosophique sur fond d'assassinat en série, de terrorisme et de petits prodiges.
En raconteuse d'histoires étranges talentueuse, Rosa Montero nous parle des hasard et des coïncidences et écrit une histoire d'espérance, une tragicomédie entre humour et émotion. Un texte captivant qui nous montre que 'la vie est belle, folle et douloureuse. Une fable pour adultes qui invite à profiter de la beauté, maîtriser la douleur et rire de cette incroyable folie".
Ce que j'en ai pensé :
Une écriture magnifique qui nous fait plonger dans le destin de quatre êtres torturés, dans la solitude d'une grande ville. "Désespoir urbain" aurait pu être un autre titre, bien que ces personnages soient avant tout prisonniers d'eux mêmes. Au travers de ces quatres héros, mais aussi de ceux qui les croisent, Rosa Montero a su montrer la noirceur et la cruauté sans limite de l'âme humaine, l'étau lancinant et obsessionnel du désespoir. Mais elle nous montre aussi la force de la dignité, le rayonnement intérieur porté par la foi en la vie de certains êtres, quoiqu'il advienne, en dépit des horreurs qu'ils doivent surmonter... D'autres, au contraire, semblent avoir le salut à portée de main mais n'ont pas la force de le retenir et le laissent échapper... Des instructions pour sauver le monde, il n'y en a pas vraiment, ce qui n'est guère surprenant. Pourtant derrière cette lucidité parfois impitoyable (les observations de la perplexité et des contradictions de l'âme humainesont vraiment bien trouvées), cet abîme, transparaît, tenace et bien déterminée à survivre, une petite flamme d'espoir en la bonté de l'homme. La solitude n'est pas inéluctable, il suffit de tendre la main et ceux que nous croisons sans les voir pourraient bien nous surprendre. Et si, finalement, les instructions pour sauver le monde c'était cela : l'espoir et cultiver sans cesser d'y croire la bonté que l'homme porte en lui ...
Extraits :
Avez-vous déjà senti la terreur des nuits, l'étouffement des cauchemars, l'obscurité qui murmure sur votre nuque de son haleine froide que, même si vous ne savez pas combien de temps il vous reste, vous n'êtes qu'un condamné à mort ? Et pourtant, le lendemain, la vie explose de nouveau dans son joyeux mensonge d'éternité.
SL* n'était pas un jeu, mais peu après être rentré dans cette autre réalité Daniel s'aperçut que là-dedans, il s'autorisait à jouer et à ressentir. Il avait presque oublié comment c'était d'avoir des sentiments, parce qu'il vivait anesthésié depuis trop longtemps. Un jour, il avait remarqué qu'il s'était retrouvé sans émotions ; elles étaient tombées de lui au cours de sa vie de manière imperceptible mais continue, exactement comme ses cheveux avaient peu à peu déserté sa tête dans une fuite capillaire lâche et discrète.
Un grand merci à Keisha qui fait voyager ce livre.