“Ça vous chatouille ou ça vous gratouille” ? Panique à Paris : punaise !

Publié le 20 novembre 2010 par Kamizole

Tout le monde aura reconnu la célèbre réplique de «Knock ou le triomphe de la médecine» de Jules Romains, magnifiquement interprété par Louis Jouvet au cinéma. J’en avais entendu parler sur France Info et savais par ailleurs que New York était déjà infesté de ces saletés de parasites savamment nommés «Cimex Lectuarius» autrement plus connus sous le nom de «punaises de lit» ou «bedbugs» Outre-Atlantique…

Contrairement à ce que soutiennent certains imbéciles, il n’y a pas que les gens malpropres ou stupides qui risquent d’en attraper. Riches, pauvres, sales ou propres, hôtels chics, appartements de standing ou taudis, nous sommes tous égaux devant ce fléau. A New York, elles ont même envahi les luxueux magasins de vêtements de Broadway ! Il suffit d’avoir été dans un lieu où elles sévissent pour avoir de très grandes probabilités d’en ramener ensuite chez soi. Elles sautent sur vous aussi sûrement que la misère sur le pauvre monde.

Il est ensuite particulièrement difficile de s’en débarrasser. Selon ce que je lis sur le blog Bigbrowser du Monde.fr dont le titre donne déjà envie de se gratter jusqu’au sang – réflexe tout à fait courant : GRAT-GRAT – Les punaises de lit sont entrées dans Paris (France Info) les services sanitaires de Paris et les désinsectiseurs professionnels sont débordés.

France-Info nous prévient : «Ces petites bestioles d’à peine 5 millimètres prolifèrent en ce moment dans la capitale. Elles se cachent dans les draps, matelas et sommiers. Et il est très difficile de s’en débarrasser…». Elles se déplacent très vite et peuvent pondre jusqu’à 500 œufs. De plus, elles deviennent résistantes à nombre d’insecticides.

J’en ai attrapé une fois en 1974, dans le service de neurologie du vieil hôpital d’Orléans. En début d’après-midi, j’avais envoyé aux urgences un ouvrier qu’un de ses collègues avait accompagné à l’infirmerie de l’usine parce qu’il l’avait trouvé tout “drôle” dans le vestiaire : il lui avait dit «je crois que je suis tombé de vélo»… Comme c’était un ouvrier très qualifié, intelligent et sobre, il avait préféré que je le voie. Je me suis rendue immédiatement compte que quelque chose ne tournait pas rond. En cinq minutes, pendant que je notai sur le registre des accidents du travail le peu d’informations qu’il pouvait me donner, il m’a demandé au moins dix fois l’heure ! Il oubliait tout ce qui était immédiat au fur et à mesure, on appelle cela une “amnésie rétrograde”… J’ai rempli une feuille d’accident du travail et appelé une ambulance pour qu’il fût transporté aux urgences de La Source.

Dans le courant de l’après-midi, ils m’ont appelée pour m’informer qu’il était placé en observation en neuro. A cette époque, il n’y avait ni scanner ni IRM pour rechercher en temps réel d’éventuelles lésions. Principe de précaution car il eût pu faire une hémorragie cérébrale ou un œdème méningé qui eussent pu mettre ses jours en danger s’il était resté sans surveillance.

D’un côté cela m’arrangeait qu’il fût à Orléans plutôt qu’à La Source car je n’avais pas encore de vélo à cette époque (j’habitais assez près de l’usine pour faire le court trajet à pied) sinon j’aurais dû prendre le bus pour aller le voir. Il commençait à recouvrer un peu la mémoire, notamment le lieu de l’accident, dans une ruelle qui longe la maison de retraite de Saint-Jean-de la Ruelle. Je pris note de ces indications précieuses pour compléter ma déclaration d’accident et nous eûmes même la chance d’avoir un témoin direct de l’accident qui l’avait vu chuter de vélo et se relever grâce à une petite enquête menée par quelques un de ses collègues qui habitaient également Saint-Jean-de-la-Ruelle, dans le même quartier. Heureusement car sinon cela eût été drôlement coton pour faire accepter l’accident de trajet par la Sécu. C’eût été dommage pour ce gentil Jean V. qui n’avait rien d’un tire-au-flanc.

Toujours est-il que le lendemain soir, je crus avoir ramené une puce à la maison. J’avais eu la chance de l’attraper et la fis disparaître dans l’eau du lavabo. J’en parlais à ma mère qui flairant sans doute quelque chose me demanda comment était cette puce. Petite et plate… Ouaip ! Elle me dit tout de suite que j’avais affaire à une punaise (elle en avait fréquenté pendant la guerre) et qu’il faudrait prendre les grands moyens pour s’en débarrasser. Il est heureux qu’elle n’ait pas migré dans la chambre de mes parents et se soit limitée à mon lit. Pourquoi le lit ? La réponse coule de source : c’est son “garde-manger”, entendre moi ou n’importe quel humain.

Pour les éradiquer, je dus m’y prendre à deux reprises à quelques jours d’intervalle avec des bombes insecticides. Toute la literie, y compris le sommier que je retournai contre le mur afin d’asperger l’intérieur pour être certaine que les punaises n’échappent pas au produit. Le diagnostic différentiel pour savoir si vous êtes piqué par une puce ou une punaise est très facile à faire même sans les voir. Quand elles fondent sur vous dès que la lumière est éteinte, c’est à l’odorat : ça fouette grave !