Afrique: La jeunesse, diffuseur de nouvelles technologies.

Publié le 20 novembre 2010 par Rm Communication

Par Théophile Kouamouo

Véritables indicateurs de tendances, les jeunes sont dragués par les opérateurs, qui voient en eux des diffuseurs de nouvelles technologies. Et surtout les gros consommateurs de demain.

Anita, Abidjanaise de 14 ans, est punie. Privée de téléphone mobile jusqu’à nouvel ordre. Motif ? Ses notes en classe ne cessent de chuter, en raison de son « addiction » à son portable, qui la connecte aux copines et la tient éveillée jusqu’à des heures impossibles. Au-delà de la chronique familiale ordinaire, l’anecdote témoigne d’une tendance de fond : en Afrique subsaharienne francophone comme ailleurs, les adolescents et les jeunes adultes sont des consommateurs névrotiques de services mobiles. Et une cible marketing de choix pour les opérateurs du secteur, qui les « bichonnent » particulièrement.

SMS illimités

Au Sénégal, Orange a créé le profil Club s’cool tout particulièrement pour les jeunes. Qui bénéficient d’un tarif à la minute très attrayant (50 F CFA au lieu de 115 F CFA) à des moments précis de la journée : entre midi et 15 heures et le soir à partir de 22 heures. En Côte d’Ivoire, le même opérateur a mis en place un réseau social en ligne réservé aux jeunes (dénommé Funzone), qui connaît un réel succès. De plus, à condition de consommer au moins 2 500 F CFA par mois, la personne qui dispose du profil jeune peut, entre autres avantages, envoyer un nombre quasi illimité de SMS à partir de 22 heures.

L’offre Moov’In du concurrent Moov (Etisalat) est tout aussi alléchante : pour les jeunes de 15 à 24 ans, les appels « intraréseau » sont gratuits de 23 heures à 6 heures du matin. Toutes ces offres ne sont pas sans conséquences : elles cassent systématiquement les tarifs, et il arrive que ceux qui en bénéficient, consommateurs compulsifs, saturent les réseaux de leurs opérateurs. À tel point qu’Orange Côte d’Ivoire, craignant le « crash », a supprimé le profil jeune durant les dernières fêtes de fin d’année, traditionnellement une période de pic national en matière d’envoi de SMS.

Cette clientèle consomme beaucoup plus qu’imaginé, notamment en sollicitant les portefeuilles de parents et de proches. « Un jeune peut mettre 90 % de ses revenus dans son budget de communication », explique ainsi le Camerounais Roger Wandji, spécialiste de la relation clientèle, ancien de MTN. Et leur consommation peut atteindre 15 000 F CFA, soit plus que le revenu moyen par utilisateur – le fameux Arpu, qui est d’environ 5 000 F CFA par mois pour les majors aujourd’hui.

L’importance démographique de cette tranche de la population sur le continent – plus de la moitié des abonnés individuels dans la majorité des pays – renforce l’enjeu financier qu’ils représentent. Par ailleurs, fidéliser les jeunes, c’est, pour les opérateurs du secteur, s’assurer d’une certaine manière une bonne croissance pour les années à venir. Les étudiants d’aujourd’hui sont les salariés et les entrepreneurs de demain. Et parce qu’ils font partie de la « génération Y », celle qui a grandi dans un environnement imprégné des technologies de l’information et de la communication, leur facture numérique s’accroîtra forcément avec leurs revenus.

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