Magazine Culture
Avec Edgar Wright, de toute façon, c’est la déconne assurée. Des zombies de Shaun of the dead aux flics de Hot Fuzz, son humour délirant jaillit en tout sens et à tous les niveaux: scénario parodique, mise en scène inventive, choix d’acteurs judicieux. En offrant le premier rôle à Michael Cera ici, nouvelle égérie adulescente du ciné indé (Juno, Nick and Norah’s Infinite Playlist), le cinéaste a vu juste, l’acteur prêtant sa bouille innocente et son charme évanescent à Scott Pigrim, héros d’un tout nouveau genre: celui de sa propre vie. Ainsi, le personnage doit-il, pour pouvoir continuer à fréquenter sa prétendante (Mary Elizabeth Winstead), venir à bout de ses sept ex maléfiques. L’occasion pour Wright, à mi chemin entre jeu vidéo, comic (le film est d’ailleurs tiré de l’œuvre de Bryan Lee O’Malley) et manga, de livrer une belle métaphore de la conquête amoureuse, et de donner vie à l’écran à des sentiments-concepts subtils et bourrés de justesse. Comme ce je t’aime non désiré qui se mue en mauvaise odeur. Comme cette incarnation d’un double maléfique de soi-même à combattre. Le film ne cesse de se réinventer à chaque plan, et, assume à 100% son statut de produit fun, tout droit issu de la culture pop. Emaillé de dialogues hilarants et d’apparitions de guest stars savoureuses (celle de Jason Schwartzman en tête), Scott Pilgrim VS the world confirme le bel avenir de ce type de productions à la Apatow, Mottola ou Diablo Cody, toutes aussi friandes de rires que de profondeur, et qui parviennent à concilier habilement divertissement et cinéma.
sortie France: 1er décembre 2010.